Plongez au cœur de l’une des tragédies maritimes les plus célèbres de l’Histoire de France et de son immortalisation avec Le Radeau de la Méduse. Entre anecdotes historiques avec une bonne dose d’humour et performance théâtrale, Anne Cangelosi et Alexandre Delimoges offrent un spectacle original. Une expérience théâtrale qui donne à voir autrement une aventure à travers le prisme de notre époque.

Le 2 juillet 1816, la frégate La Méduse s’échoue au large des côtes du Sénégal. La tragédie, conséquence directe de l’incompétence du capitaine, devient un symbole de l’injustice sociale et politique sous la Restauration. Après trois jours de vains efforts pour sauver le navire et sa cargaison, la décision est prise de construire un radeau immense pour y entasser plus de 150 personnes. Ce radeau devient le théâtre d’un calvaire inouï avec 13 jours de dérive, de famine, de soif et de combats pour la survie. Seuls 15 survivants émergeront de cet enfer flottant. Théodore Géricault, à tout juste 27 ans, choisit de transcrire cette horreur avec un réalisme cru, observant les mourants ainsi que les cadavres à l’hôpital Beaujon. Il intègre des symboles puissants comme un homme noir, placé fièrement à l’avant du radeau. Il devient une figure victorieuse, un geste audacieux dans une époque marquée par la fin récente de l’esclavage et la tolérance au racisme.

Mais Le Radeau de la Méduse n’est pas qu’une œuvre politique. Bien que l’on y aborde des questions universelles avec la survie, de la distinction sociale ou de l’humanité face à l’adversité. Anne Cangelosi nous dévoile des croustillantes anecdotes. On découvre qu’Eugène Delacroix, a posé comme modèle pour un des naufragés, que Théodore Géricault, gêné par son incapacité à peindre les pieds, affuble les personnages de chaussettes ou qu’il y a des personnes réelles représentées. En parallèle, elle explore la vie mouvementée de l’artiste, notamment sa relation adultère avec sa tante, qui aboutira à la naissance d’un enfant qu’il ne connaîtra jamais et qu’il est mort jeune surement d’une maladie sexuellement transmissible.

Dès les premières minutes, Anne Cangelosi captive son public avec une énergie débordante et une verve mordante. Elle campe une conférencière caricaturale, quelque peu condescendante, mais drôle. Avec aplomb, elle pique son auditoire, jongle entre anecdotes historiques, remarques contemporaines, des anachronismes et des digressions fantaisistes. Elle évoque le télétravail, le capitaine de la Méduse comparé à celui du Costa Concordia, ou encore l’idée saugrenue d’un diplôme « Radeau de la Méduse » pour le public. La mise en scène d’Alexandre Delimoges permet d’impliquer également le public en le faisant réagir avec des applaudissements. Une façon de créer des interactions sans devoir gérer les provocateurs. Un échange ingénieux qui permet de garder captivé l’ensemble des spectateurs qui ne voient pas le temps filé. D’ailleurs, à la fin de la représentation, plus d’une personne pose des questions à la comédienne. Elle a été tellement convaincante qu’on l’a prend pour une vraie conférencière. La preuve que l’illusion a magnifiquement fonctionné.

Le Radeau de la Méduse est un spectacle ludique, instructif et profondément humain. Anne Cangelosi y brille avec une énergie contagieuse, rendant hommage à l’œuvre intemporelle de Géricault et à l’universalité de ses thématiques. Une jolie performance qui laisse le spectateur ému, amusé et plein de réflexions.

En savoir plus sur Joseph, le modèle noir du « Radeau de la méduse »

 

Où voir le spectacle? 
Comédie Bastille jusqu’au 28 juin 2025
5 rue Nicolas Appert
75011 Paris

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