Dès l’arrivée de Mickaël Délis, une énergie vive traverse la salle et attrape le public par le coeur. Il nous invite à un voyage intérieur, drôle, tendre et réflexif. Le public devient le miroir d’une époque qui commence à interroger ce que signifie être un homme, un vrai, aujourd’hui, entre héritages absurdes et désirs d’émancipation.

Ce spectacle est d’abord un texte d’une rare finesse et d’intelligence. On le devine déjà avec le message avant le début de la représentation et la chanson qui nous enrobe de Camélia Jordana, « Les garçons ». Écrit et interprété par Mickaël Délis, il explore avec une sincérité désarmante et sincère, la construction du masculin ainsi que la fabrique de la virilité. Sa plume oscille entre confession et réflexion, anecdote et manifeste, humour et émotion. « Je trouve que tu es la plus belle des mamans tristes ». Rien n’est jamais lourd. Chaque mot glisse avec une justesse lumineuse. L’écriture se distingue par son audace, sa capacité à transformer l’intime en question universelle, à exposer la fragilité sans la réduire à une faiblesse. Le comédien nous guide à travers ses souvenirs sans pathos ni moralisation avec une mère libre et bienveillante, un frère provocateur et dans le conformisme social, un oncle dans le cliché du vrai mec et des camarades cruels et pervers. Il observe, il décortique, il rit de lui-même, tout en nous tendant un miroir d’une redoutable clarté. On se reconnaît dans ses doutes, ses maladresses, ses élans et surtout dans ce besoin vital d’être enfin soi, au-delà des normes imposées.

La mise en scène de Jean-Philippe Daguerre déploie une ingéniosité sobre et poétique. Une simple écharpe blanche devient tour à tour doudou, cap de superhéros, slip, pénis massif, bébé… Le dispositif est minimaliste avec juste un tabouret haut qui aura bien des usages. Mais chaque geste est pensé, chaque silence compte. Mickaël Délis possède aussi une aura qui rayonne complètement sur scène. Sans oublier, une énergie débordante car il saute, bondit, vole, court… dans un espace réduit où le public est au plus proche de lui. Les lumières accompagnent les états d’âme du personnage en oscillant entre le chaud et le froid, entre l’introspection et l’explosion. Le rythme, toujours maîtrisé, épouse les variations du récit, mêlant moments de pure comédie et instants de vérité bouleversante. On passe du rire à la réflexion sans jamais décrocher. « Je suis un pédé invisible. Je suis super-pédé ». On ressort admiratif de cette alchimie entre corps et parole, de cette maîtrise du jeu qui transforme le plateau en terrain de liberté totale.

Ce spectacle est une ode à la complexité humaine et à la tendresse envers soi. Il interroge la virilité sans la juger, la déconstruit sans la détruire, et en fait une matière vivante. L’énergie de Mickaël Délis est magnétique, sa sincérité désarmante. On ressort avec le sourire, la gorge serrée et l’envie de croire que se connaître, c’est déjà commencer à se libérer.

❤️❤️❤️ COUP DE COEUR  ❤️❤️❤️

Où voir le spectacle? 
A la Scala jusqu’au 30 décembre 2025

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