Trois pianistes, un piano modulable et une dose d’humour : voilà comment résumer Le Phoenix des claviers. Ce trio talentueux bouscule les codes de la musique classique avec un spectacle virtuose. Entre burlesque et poésie, les artistes explosent les cadres traditionnels du récital pour offrir une expérience aussi singulière que joyeuse.
Elles entrent en scène, vêtues de noir, coiffées de perruques ornées de plumes noires et tournent le dos au public. Premier pied de nez d’un spectacle qui, dès ses premières minutes, annonce la couleur : un récital à six mains. Valérie Guérin-Descouturelle, Lucie Chouvel et Véronique Durville, pianistes virtuoses, rivalisent d’adresse et d’inventivité autour de leur inséparable complice : un piano électrique modulable surnommé Phoenix. Tantôt rivales, tantôt alliées, elles jouent avec l’instrument dans un tourbillon chorégraphique : elles sautent, tombent, se bousculent, se grattent le dos… mais ne ratent jamais une note. Leurs trente doigts dansent avec une fluidité et une synchronisation impressionnantes sur des morceaux de Beethoven, Chopin, Bach, Grieg ou Rossini, réarrangés avec ingéniosité pour respecter le répertoire.
La mise en scène signée Geneviève Brett ose quelques touches de fantaisie : des bulles de savon, des déguisements, des gags empruntés aux films muets ou aux cartoons… Mais si ces moments prêtent à sourire, on regrette qu’ils n’aillent pas plus loin dans la folie burlesque. Là où des collectifs comme Le Quatuor ou Les Sourds-Doués s’aventurent dans l’extravagance, Le Phoenix des claviers reste sage, peut-être dans un souci de plaire également aux plus jeunes spectateurs, dès 5 ans.
Le piano modulable, compact et ingénieux, est au cœur de l’attention. Véritable quatrième personnage, il se plie et se déploie avec élégance, s’habillant même d’une fausse queue de piano à grand concert pour parfaire l’illusion. Un miroir posé au-dessus du clavier permet aux spectateurs de s’émerveiller devant la virtuosité et l’adresse des interprètes. Ce dispositif ingénieux, allié à la créativité des artistes, fait de ce spectacle une initiation parfaite à la musique classique pour les néophytes, tout en offrant une redécouverte rafraîchissante aux mélomanes.
Avec Le Phoenix des claviers, ce trio de virtuoses réinvente le concert classique en mêlant performance pianistique, burlesque et poésie. À la fin, on repart le sourire aux lèvres, des airs de Chopin dans la tête et cette douce impression que, comme le Phoenix, la musique classique renaît sans cesse sous de nouvelles formes.
Où voir le spectacle?
Au Studio Hébertot jusqu’au 26 janvier 2025
78 boulevard des Batignolles
75017 Paris