Dès les premières secondes, la pièce saisit par son atmosphère glacée où le silence semble peser plus lourd que les mots. La performance d’un seul comédien crée un espace de tension où l’histoire vacille entre l’intime et l’ignoble. On est plongé dans le lent effritement d’un fugitif dont la fuite n’efface pas la trace indélébile du mal.

Le comédien est seul sur scène. Il erre dans les pensées, dans ses souvenirs de peur ou de puissance de Josef Mengele, dans les faux-semblants d’une identité cachée. Le texte explore ce que signifie vivre en exil forcé et sous la menace permanente de la capture, la double contrainte d’exister sans être vu et de ne pas être reconnu pour son génie. L’isolement agit comme une loupe sur ses failles, ses contradictions, ses mensonges et ses illusions de rédemption. Il perd progressivement pied. Heureusement que d’anciens SS sont là comme ceux qui idolâtrent le régime nazi. Un petit réconfort de l’ancien monde. Le sentiment d’injustice reste présent. Pourquoi devrait être jugé comme Eichmann et tous les autres qui collaboraient avec lui? « Trois cent cinquante professeurs d’université ont participé au programme T4 d’euthanasie. Certains se sont suicidés et d’autres sont passés en jugement à Nuremberg, mais la plupart ont retrouvé leur famille et repris leur carrière… « 

Cette adaptation rappelle que l’Histoire ne se contente pas de narrer ce qui fut. Elle questionne ce que nous faisons de ce que nous savons, ce que nous oublions, ce que nous tolérons aujourd’hui. La pièce met en lumière le réseau de complicités, les silences des nations, les actes négligés, les regards détournés, tous les gens ordinaires qui ferment les yeux ou qui restent les lèvres collées. Le metteur en scène, Benoit Giros et Mikaël Chirinian montrent que la responsabilité ne s’éteint pas avec le temps puisque le souvenir, bien manié, oblige à ce que l’indignation ne soit pas simple.  colère.

Le spectacle utilise les outils du théâtre : la lumière, le silence, l’adresse directe, le rythme, le décors pour donner de la puissance à l’adaptation du texte d’Olivier Guez. Par chance, le duo est accompagné par Isabelle Fuchs à la création sonore et Julien Ménard, à la création lumière qui proposent un univers incroyable et puissant. Grâce à eux et surtout à l’incroyable talent de Mikaël Chirinian, on reste saisi et sincèrement touché. Tout concourt à faire ressentir sans dramatiser l’horreur de la guerre et que tout peut revenir demain. Le choix du solo renforce le face-à-face entre le public et un homme dont les actes dépassent l’entendement, sans le protéger derrière un effet de costume ou de décor clinquant et cela lui donne une force rare. On est sans cesse rappelé que voir, écouter, juger (du moins intérieurement) sont des actes nécessaires et que le théâtre peut devenir cet espace de vérité, parfois cruel, souvent indispensable.

La disparition de Josef Mengele est un spectacle puissant qui ne se contente pas de raconter mais qui interroge et secoue. Il reste en tête, dérange, exige du spectateur qu’il regarde l’ombre derrière les mots. Un moment de théâtre essentiel, utile, qui force à ne pas oublier pour imaginer un futur moins sombre.

Où voir le spectacle? 
Au Théâtre de la Pépinière jusqu’au 5 novembre 2025

Dates de tournée 2025/2026 :

  • jeudi 15 janvier 2026, SAINT-CLOUD, Les 3 Pierrots
  • samedi 17 janvier 2026, SAINT-CYR-L’ECOLE, Théâtre Gérard Philipe
  • jeudi 22 janvier 2026, ISSOUDUN, Centre Culturel Albert Camus
  • vendredi 30 janvier 2026, FRANCONVILLE, Espace Saint-Exupéry
  • jeudi 5 février 2026, NOGENT-SUR-MARNE, Théâtre Antoine Watteau
  • vendredi 6 février 2026, SÈVRES, Le SEL
  • vendredi 13 février 2026, CAMBRAY, Scènes Mitoyennes
  • mardi 10 mars 2026, HAGUENAU, Théâtre de Haguenau
  • mercredi 11 Mars 2026, SAVERNE, Espace Rohan
  • vendredi 13 mars 2026, DARDILLY, L’Acqueduc
  • mardi 17 mars 2026, EPINAL, Auditorium de La Louvière
  • vendredi 20 mars 2026, GUJAN-MESTRAS, Le Miroir
  • samedi 21 mars 2026, SAINT-ASTIER, La Fabrique
  • mardi 24 mars 2026, LE VESINET
  • du 31 mars au 4 avril 2025, ANTIBES
  • jeudi 9 avril 2026, SAINT-SEBASTIEN-SUR-LOIRE, L’Embarcadère
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