Plongée dans les luttes ouvrières des années 60-70, Indestructible ravive la mémoire d’une époque où immigrés et militants rêvaient de révolution. À travers les destins croisés de Bakary, ouvrier malien et Cathy, intellectuelle parisienne engagée, la pièce sonde l’exploitation industrielle et les résistances sociales. Entre bruit de tôle et élans poétiques, elle interroge notre présent à l’aune des combats passés.
Indestructible recrée avec force la brutalité du travail en usine et l’effervescence des luttes sociales des années 70. Dès les premières minutes, le spectateur est happé par l’ambiance sonore et visuelle de l’atelier avec le fracas du métal, les ordres criés et les cadences infernales aux usines Peugeot de Sochaux. La scénographie, épurée mais évocatrice, fait de l’espace scénique une véritable chaîne de production, où les corps se meuvent avec précision, souffrance et contrainte. Cette mécanique implacable symbolise l’aliénation ouvrière et rend palpable les rapports de force. Mention spéciale à l’interprétation d’Assane Timbo dont le jeu oscille entre rage contenue et désespoir poignant, rendant son parcours profondément émouvant et réaliste.
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L’écriture de Manon Worms et Hakim Bah donnent à entendre des paroles et des engagement rarement mises en avant au théâtre. Les vies de Bakary et de Cathy entrecroisent d’autres trajectoires d’ouvriers. Elles témoignent des tensions et des espoirs d’une époque marquée par la répression et la solidarité. Le texte navigue entre récit intime et fresque politique, explorant aussi bien l’exploitation capitaliste que les luttes féministes et antiracistes. Les scènes de grève, de répression policière et de mobilisation collective sont d’une forte intensité. Même si certains personnages sont plus symboliques que réels, ils donnent à réfléchir. Entre les établis impulsés par les bien-pensants maoïstes et le racisme ambiant, une lutte commune s’identifie. Bien que nous sommes dans une usine en particulier, le message symbolise une révolte internationale.
Indestructible réussit à poser un regard engagé et nécessaire sur l’histoire ouvrière et ses échos contemporains. Elle rappelle que les combats sociaux d’hier ne sont jamais vraiment terminés, tant les inégalités persistent toujours et encore. À travers la mémoire de la Peugeot 504, la pièce fait entendre la voix des oubliés et réaffirme la nécessité de la solidarité.
Où voir le spectacle?
Au théâtre de la Cité internationale jusqu’au 8 février 2025