Dans ce seul-en-scène, Patrice Carmouze explore avec humour et autodérision notre propension à parler de tout sans réelle expertise. Son approche, mêlant anecdotes personnelles, références culturelles et interventions musicales au piano, crée une atmosphère conviviale. Son calme et son sens de l’absurde apportent une touche apaisante à la performance.

La mise en scène de Pierre Val est sobre, avec un piano, quelques cadres et des photographies. Ainsi, le spectateur s’interroge sur le lien entre ces objets et l’artiste. Cependant, cette fausse simplicité peut parfois accentuer les moments de flottement, de silence, où le fil conducteur semble se perdre. Les transitions entre les différentes séquences manquent parfois de fluidité, ce qui peut nuire à l’engagement. La posture même de l’artiste semble mettre à distance les individus présents. Jamais il n’ose les regarder directement, comme s’il venait juste dire son texte. Quand il tente d’interagir avec le public, cela relève davantage de la rhétorique. On croirait une tentative de stand-up, cependant ce n’est pas le cas.

Les interludes musicaux, bien que charmants, manquent cruellement d’incarnation. On reste dans la légèreté et le flottement. Les références aussi semblent d’une autre époque, celle où Patrice Carmouze était célèbre aux côtés de son ami Christophe Dechavanne. L’homme de 73 ans possède encore des fans, passionnés de culture générale et de bons mots. L’inconstance peut donner une impression de déséquilibre dans l’ensemble du spectacle. Le fait de rentrer et sortir de scène plusieurs fois sous une apparence de contrariété à peine crédible interroge. Et au final, on n’en voit pas vraiment l’intérêt. Le présentateur est brillant et l’illustre avec les références qu’il partage. Il s’intéresse à la musique, au cinéma, à la littérature… Malheureusement, cela ne suffit pas et le titre prend un autre sens. L’à peu près résume très bien ce à quoi nous avons assisté.

En somme, « Éloge de l’à peu près » est une proposition théâtrale originale portée par la personnalité de Patrice Carmouze. Si le spectacle offre des moments de plaisir et de réflexion, il pâtit néanmoins de certaines longueurs et d’un manque de cohérence globale. Une expérience à découvrir pour les amateurs de théâtre atypique, en gardant à l’esprit ses imperfections.

Où voir le spectacle? 
Au théâtre de Poche jusqu’au lundi 23 juin 2025

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