Au théâtre de la Reine Blanche, la compagnie Eventually nous plonge dans un futur proche où l’oubli humain et la mémoire artificielle s’entrecroisent. Deep Learning Amnésie Profonde, mis en scène par Samuel Petit, propose une réflexion pertinente sur les maladies cognitives et l’intelligence artificielle, à travers le destin de Betty et Boris, jeunes patients frappés d’amnésie et Bina48, un robot curieux de comprendre ce qui lui échappe.

Le spectacle frappe d’abord par sa mise en scène et son esthétique à la frontière du réalisme et de l’anticipation. Mais l’espace qui se module ne laisse pas le temps d’apprécier l’espace. L’ambiance clinique est bien rendue avec ces espaces vides et froids. L’interprétation est globalement réussie. Rosalie Comby et Thomas Mallen incarnent avec justesse la confusion progressive de leurs personnages. L’oublie devient un compagnon conscient au début qui progressivement s’affirme. Tandis que Morgane Vallée s’incarne doucement dans son rôle de robot en quête de sens. Son jeu précis, notamment dans sa gestuelle mécanique et sa diction hachée, est l’un des points forts du spectacle.

Cependant, la pièce souffre de quelques déséquilibres. L’humour, parfois bienvenu, tombe aussi à plat à certains moments, créant une distance avec les enjeux profonds du récit. Le rythme, bien qu’efficace dans sa première moitié, devient inégal à mesure que Bina48 prend le dessus sur l’intrigue, reléguant les patients au second plan. On aurait aimé une exploration plus approfondie du parallèle entre la mémoire humaine défaillante et l’apprentissage artificiel plutôt qu’un développement excessif du personnage du robot. On aimerait s’attacher aux personnages qui nous semblent lointain, froid et distant. L’émotion n’est pas conviée nous laissant ainsi au bord du plateau. Toutefois, les interrogations sur l’avenir et notre rapport à la machine restent, alimentant ainsi des discussions post-spectacle.

Deep Learning Amnésie Profonde ne manque ni d’idées ni d’ambition et propose une expérience théâtrale originale. Malgré des maladresses, il soulève des questions essentielles sur la technologie et la mémoire, interrogeant notre rapport à l’oubli et à la machine. Un spectacle imparfait, mais stimulant, qui donne à réfléchir.

Où voir le spectacle? 
Au Théâtre de la Reine Blanche jusqu’au 1er mars 2025
2 bis passage Ruelle
75018 Paris.

 

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