Une troupe survoltée s’attaque à l’un des sujets les plus brûlants de notre époque avec une énergie débordante. Le spectacle promet un mélange d’humour, de réflexion et de fantaisie autour du dérèglement du monde. On découvre alors une forme hybride qui oscille entre divertissement ludique et tentative de sensibilisation.

« Climax » ambitionne de transformer des données complexes en un voyage théâtral accessible, misant sur le jeu collectif et la dynamique scénique pour rendre la réflexion plus digeste. Les artistes déploient une multitude de situations loufoques, comme cette conférence improbable de la COP 34 de Bali les pieds dans l’eau, qui déclenche des rires surpris. Pourtant, la juxtaposition d’informations écologiques et de sketches fantasques crée parfois une impression de flou quant à l’objectif réel poursuivi. L’humour, omniprésent, allège les enjeux sans toujours parvenir à leur donner de l’ampleur. On saisit des bribes de problématiques avec l’urgence climatique, l’effondrement des espèces, l’absurdité politique sans que l’ensemble ne trouve un fil directeur pleinement affirmé. Les séquences s’enchaînent avec vivacité, cultivant l’effet-surprise plus que la cohérence. L’impact émotionnel reste ainsi limité, malgré un vrai désir de conscientiser. On ressent une volonté sincère d’alerter sans accabler. L’ensemble amuse, titille, interroge, tout en laissant une légère frustration sur le plan du contenu. Le résultat demeure plaisant, stimulant, mais ne remue pas autant que prévu.

L’investissement des comédiens demeure le moteur principal du spectacle, chacun se lançant avec fougue dans une galerie de personnages déjantés. Leur aisance à basculer d’un rôle à l’autre confère une vitalité indéniable à l’ensemble. Les ruptures rythmiques, les acrobaties et les chansons créent une véritable effervescence scénique, révélant la polyvalence remarquable de la troupe. On admire leur endurance, leur synchronisation et leur appétit évident pour la scène. Cette générosité aiguille le public vers une forme de jubilation, même lorsque les intentions dramaturgiques se diluent. Ce chaos contrôlé séduit parfois autant qu’il déroute. On en retient avant tout la qualité de la performance humaine, vibrante et totale.

La création puise largement dans l’inventivité visuelle pour construire une atmosphère en perpétuel mouvement et réinvention. Les décors mobiles, les accessoires détournés et les images scéniques absurdes sculptent un univers volontairement instable, évoquant un monde en perte d’équilibre. Les jeux de lumière soulignent les glissements de ton, passant d’une ambiance comique à une zone plus sombre où affleurent les inquiétudes écologiques. Le spectacle revendique une écriture fragmentée, faite de collages, d’incidents volontairement incongrus, affirmant une esthétique du désordre pour refléter celui du monde. Cette approche crée une forme séduisante, dynamique et surprenante, même si elle fragilise parfois la lisibilité globale. Les tableaux se suivent comme autant de clins d’œil à un univers en désagrégation, portés par des images frappantes. On traverse un chaos scénique où l’humour sert de soupape à une réalité anxiogène. Certaines trouvailles visuelles marquent durablement, d’autres semblent flotter sans véritable retentissement. Le spectacle propose ainsi un foisonnement artistique joyeux, stimulant, qui divertit autant qu’il déroute. Une expérience qui amuse l’œil sans toujours nourrir la réflexion.

On quitte la salle avec le sourire, porté par l’énergie contagieuse de la troupe. On garde en tête quelques fulgurances drôles et inventives qui illuminent la soirée. On aurait toutefois aimé que la réflexion trouve une place plus solide pour offrir une véritable empreinte durable.

Où voir le spectacle? 
Au Lucernaire jusqu’au 8 mars 2026

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