Avec L’Art de ne pas dire, Clément Viktorovitch fait ses premiers pas au théâtre en proposant une fiction mordante sur les dérives du discours politique. Seul en scène, il incarne un conseiller en communication déchu, prêt à dévoiler les rouages cyniques de la conquête du pouvoir. À travers humour, analyse et pédagogie, il questionne notre rapport aux mots, à la manipulation et à la démocratie.
Clément Viktorovitch signe un spectacle aussi instructif que percutant, où le rire se mêle à la réflexion. Il frappe fort là où il est imbattable : l’analyse du discours. Dans la peau d’un conseiller en communication viré pour excès de zèle (et de dépenses capillaires douteuses), il déballe dans une conférence-théâtre les mécaniques de la manipulation politique avec l’enthousiasme d’un prestidigitateur qui révèle ses tours.
La plume, affûtée comme un scalpel, déploie des trésors d’intelligence et d’ironie mordante. L’humoriste captive lorsqu’il explique, lorsqu’il démonte les techniques rhétoriques avec la précision d’un horloger suisse sous amphétamines. « A force de remporter nos victoires par le vide, la politique est devenue, non plus un dialogue de sourds, mais un débat de muets.». Sa facilité à manier les mots, à dialoguer avec la salle, souligne un vrai savoir-faire. Les rires fusent, souvent jaune, tant le miroir tendu au spectateur est cruel et réel.
Mais dès que la fiction reprend le dessus, l’édifice se fissure. L’humoriste peine à incarner, à faire vivre autre chose que sa brillante pensée. À trop vouloir enseigner, il étouffe l’émotion, alourdit la satire et finit parfois par faire du théâtre ce qu’il reproche au discours politique. Le paradoxe est cruel, et sonne comme un aveu involontaire. Malgré ces limites, L’Art de ne pas dire reste une démonstration brillante pour ceux qui apprécient son verbe aiguisé et son regard acide. Les fans retrouveront la structure et le piquant présents aussi bien à la radio, à la télévision et sur les réseaux sociaux.
Clément Viktorovitch signe un spectacle où l’analyse brille plus que la fiction, mais où la lucidité l’emporte haut la main. En révélant l’art du mensonge politique, il nous invite à aiguiser notre vigilance citoyenne. Reste un moment salutaire, mordant, et terriblement d’actualité qui peut se poursuivre avec son ouvrage.
Où voir le spectacle?
Au 13 art jusqu’au 28 avril 2025 puis en tournée dans toute la France