Un adolescent maladroit, enfermé dans sa solitude, tente de se frayer un chemin dans un monde où les apparences comptent plus que les vraies amitiés. À travers une comédie musicale mignonne, le théâtre devient le miroir des angoisses adolescentes, de la recherche d’amour et du besoin vital d’être vu. Ce qui pourrait n’être qu’un drame intime se transforme en un récit universel sur la reconstruction et la résilience.
Le spectacle aborde dans le résumé des thématiques lourdes comme le harcèlement scolaire, la solitude, la dépression et le suicide. Des sujets essentiels, d’une actualité brûlante, qui auraient mérité une profondeur émotionnelle et psychologique plus marquée. Ici, tout reste en surface, comme lissé par une forme de bienveillance universelle qui finit par anesthésier l’émotion. La narration, très linéaire, déroule les événements sans véritable tension dramatique, ni véritable surprise. On perçoit la sincérité des intentions, mais l’écriture semble craindre la complexité, préférant des slogans rassurants à des zones d’ombre dérangeantes afin de pouvoir toucher tout le monde. Ce qui aurait pu être une réflexion poignante sur l’adolescence et ses blessures devient une succession de bons sentiments, trop sages pour émouvoir vraiment. Une soupe remplie de bonnes attentions avec de belles émotions toute mignonnes.
Musicalement, le spectacle reste agréable, grâce à des mélodies efficaces et des paroles d’Hoshi. Les comédiens livrent une prestation sincère, notamment le rôle-titre, joué par Antoine Le Provost, avec beaucoup d’énergie et de fragilité. Aucun doute que certain.e.s adolescent.e.s soient venus voir Antoine Galey de l’émission « The Voice », peu présent. Pourtant, l’ensemble manque de souffle. Les chansons s’enchaînent sans réelle dynamique, les émotions peinent à se hisser au-delà du convenu. La scénographie, très épurée, peine à créer l’intensité visuelle nécessaire à ce type de comédie musicale. Quelques écrans numériques, quelques blocs avec des éclairages et des projections dans la salle suffisent. On aurait aimé plus d’audace surtout quand on met en avant sur l’affiche : « Le spectacle musical phénomène de Broadway récompensé aux Tony et Grammy Awards ». On sent une inspiration venue de Broadway, néanmoins le transfert à la scène française atténue sa puissance originelle. Quelques touches d’humour viennent alléger le tout, sans jamais compenser le manque d’aspérités.
Ce qui frappe enfin, c’est cette impression d’un spectacle qui veut consoler plus que bouleverser. Le message d’espoir est bien là, tout comme la sincérité du propos, mais le résultat reste tiède, trop poli pour déranger, trop propre pour émouvoir. On ressort avec un sentiment d’inachevé, comme si l’émotion promise n’avait jamais vraiment pris corps. Et, malgré quelques très beaux instants, la monotonie finit par l’emporter, au point que l’attention se dissipe. Il faut nuancer car pour beaucoup l’émotion devait être présent car on entend beaucoup de personnes qui pleurent. Sans oublier que la salle, avec un public rôder à ce genre de spectacle, se lève.
Une comédie musicale sincère portée par un vrai désir d’humanisme. Pourtant, à force de douceur et bonnes attentions, elle en oublie d’émouvoir vraiment. Un spectacle trop sage pour laisser une trace durable qui n’a osé aller loin.
Où voir le spectacle?
Au théâtre de la Madeleine jusqu’au 18 janvier 2026