Un souffle de liberté, de beauté et de liberté traverse la scène, irradiant de merveilleux le spectateur. Une forme inclassable se déploie, entre théâtre, poésie et musique, où la mort devient un prétexte à célébrer la vie. On assiste à un moment suspendu, d’une beauté rare, à la fois grave, drôle et profondément humain.
Ce spectacle fascine par sa capacité à réconcilier l’humour et la métaphysique, le trivial et le sublime. Le jeu du musicien avec des instruments, des micros, du numérique invente à chaque instant dans une partition d’une fluidité magique. Rien ne pèse, tout respire. Les voix, les gestes, les regards composent une mosaïque de son et d’histoires. Les dialogues, ciselés comme une musique, font naître un théâtre de l’intime, où le rire devient une forme de résistance. On y décèle une lucidité tendre, une ironie presque amoureuse face à la finitude. Joachim Latarjet partage avec Sylvain Maurice une passion pour les poésies de Charles Pennequin. Ce lien leur a donné envie de travailler ce matériau rare, l’ouvrage « Pamphlet contre la mort ». Chaque moment semble guidé par le désir d’étreindre l’instant, de capter ce qui nous échappe sans jamais s’y résigner. Ce qui bouleverse, c’est ce mélange de gravité et de grâce. On rit de la mort, on sourit à la vie, on contemple la beauté de l’éphémère. « C’est mort ici ou presque. »
La mise en scène est d’une grande et fine élégance. Le saltimbanque s’installe entouré de micro et de branchements électriques qui permettent de composé des partitions complètes. Les lumières tamisée, douce et chaleureuse sculptent l’espace avec douceur, jouant sur les contrastes entre ombre et éclat. Au milieu de tout cela, un humour subtil s’invite, pour rappeler que le tragique et le comique ne sont que deux faces d’une même humanité. Ce qui nous frappe et nous émerveille, c’est la cohésion d’un moment merveilleux unique, habité par une sublime ferveur. Nous sommes emportés. On devient complice, témoin privilégié de cette traversée où la mort n’est plus un tabou, mais une invitation à vivre pleinement. Les 50 minutes passent tellement vite que l’on a bien envie de rester encore partager cette parenthèse singulière. On repart le sourire aux lèvres et charger de belles émotions, comme on aimerait en trouver plus souvent.
C’est mort (ou presque) est une création d’une intensité rare, à la fois poignante, drôle et d’une beauté touchante. Joachim Latarjet, homme orchestre moderne, offre un moment de poésie-musical total, libre et profondément humain. Un bijou scénique qui réconcilie la pensée et l’émotion, la fin et le recommencement, la vie et la mort.
Où voir le spectacle?
Montpellier – Théâtre Jean Vilar – 17 et 18 décembre 2025
Bar Le Duc – ACB – Scène nationale – 6 et 7 janvier 2026
Besançon – Les 2 Scenes – 27 au 29 janvier 2026
Brest – Le Quartz 12 et 13 mai 2026