Assister à Candide, c’est plonger dans une aventure aussi mystérieuse que palpitante. Sur la scène intimiste du Théâtre de Poche-Montparnasse, le conte philosophique de Voltaire prend vie avec une verve irrésistible. Trois comédiens survoltés, quelques accessoires ingénieux et une narration fluide suffisent à faire jaillir toute la richesse de cette odyssée satirique.

Le spectacle nous emporte dans un tourbillon d’aventures absurdes, de péripéties cruelles et d’ironie mordante. Les souvenirs parfois rébarbatifs de la lecture scolaire s’envolent dès les premières minutes. Le texte dense du XVIIIe siècle prend une nouvelle dimension grâce à l’énergie communicative des comédiens. Charles Templon incarne un Candide touchant et sincère, juste dans son ingénuité sans jamais sombrer dans la caricature. Cassandre Vittu de Kerraoul interprète avec souplesse une multitude de rôles, dont une Cunégonde à la fois émouvante et délicieusement naïve. Quant à Sylvain Katan, véritable caméléon scénique, il enchaîne avec brio les trouvailles comiques et burlesques, poussant chaque personnage jusqu’au bout de sa folie. L’ensemble est porté par une mise en scène simple mais ingénieuse, qui joue habilement avec les codes du théâtre populaire, entre Commedia dell’Arte et conte initiatique.

La musique de François Peyrony, discrète et signifiante, accompagne magnifiquement le voyage, tout comme les lumières de Denis Koransky et les costumes efficaces de Corinne Rossi. La voix de Claude Aufaure, narrateur sobre et envoûtant, donne au récit une profondeur bienvenue. On regrette cependant que certains choix scénographiques, un peu trop ambitieux pour l’espace restreint du théâtre, gênent parfois la fluidité du jeu et atténuent la portée philosophique du propos. Néanmoins, l’1h45 passe à toute vitesse. On traverse continents, épreuves et situations extravagantes avec une satisfaction intacte. À trois sur scène, les comédiens donnent vie à une galerie de personnages aussi fous qu’improbables. Le rythme est soutenu, la critique sociale mordante, et le spectacle parvient à rendre Candide aussi vivant que captivant.

En revisitant Voltaire avec légèreté et intelligence, Didier Long signe une adaptation à la fois exigeante et accessible. Un très beau moment de théâtre, fidèle à l’esprit voltairien et résolument ancré dans notre époque. Une version de Candide qu’on savoure avec plaisir, sans jamais s’ennuyer.

Où voir le spectacle? 
Au théâtre de Poche jusqu’au 4 mai 2025
75 boulevard du Montparnasse
75006 Paris

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