Luigi Pirandello n’est pas forcément connu du grand public et encore moins français. Pourtant cet écrivain italien, avait de l’or au bout des doigts. La compagnie théâtre en Partance décide de faire découvrir le talent de ce nouvelliste hors pair.

Évoquer le nom de Luigi Pirandello, c’est déjà entendre les rythmes enjoués d’une tarentelle. Le dramaturge sicilien, à la fois traditionnel et avant-gardiste, nous offre une comédie grinçante et profondément humaine. Si son œuvre foisonnante reste encore trop méconnue en France, la compagnie Théâtre en Partance souhaite nous faire (re)découvrir ce joyau. Pour ce faire, elle propose un florilège de textes courts, mêlant deux extraits (Cécé et La Vie que je t’ai donnée) à deux pièces en un acte (Circulez ! et La Fleur à la bouche).

L’entrée en matière peut dérouter : Cécé, personnage excentrique aux tics corporels, nous rappelle étrangement un certain Nicolas Sarkozy. Cette mise en bouche nous plonge d’emblée dans l’univers absurde et déjanté de Pirandello. Les scènes s’enchaînent avec une fluidité remarquable, révélant la maîtrise du vaudeville par l’auteur et par les comédiens. La mise en scène, soignée et inventive, nous transporte avec aisance d’un tableau à l’autre, grâce à des jeux de lumière subtils et des intermèdes musicaux.

Photo : Sébastien Toubonto

Cédric Altadill, Valérie Aubert et Samir Siad se donnent corps et âme à leurs personnages. Leurs interprétations soulignent avec brio le paradoxe et l’absurde de la situation. Face à l’imprévu, ils font preuve d’une réactivité époustouflante. Lorsque le drap simulant le cadavre du père prend feu, Valérie Aubert éteint les flammes avec une telle maîtrise qu’on en oublierait presque la situation rocambolesque. Valérie Aubert réagit au quart de tour pour éteindre les flammes. Et elle fait tout ça, tout en restant dans son personnage, flegmatique, quelle force. Samir Siad, quant à lui, est confronté à un autre défi : il renverse son verre d’eau juste avant d’incarner un personnage au bord de la folie et de la mort. La chaleur de la salle et la transpiration ne semblent pas le perturber. Au contraire, il semble trouver dans cette difficulté une énergie supplémentaire qui le propulse dans son rôle.

Les trois comédiens brillent d’un éclat particulier dans la dernière pièce, où ils se partagent la scène. Les 75 minutes de spectacle filent à une vitesse vertigineuse, tant nous sommes captivés par leurs interprétations. On sent la complicité qui unit les trois acteurs, ainsi que leur passion commune pour le théâtre. Ils nous offrent une expérience théâtrale intense et inoubliable.

Ces fragments pirandelliens nous offrent un spectacle envoûtant qui donne envie de plonger plus avant dans l’œuvre de l’auteur et de suivre les prochaines créations de cette compagnie prometteuse.                                                    

 

                                                                              Photo : Sébastien Toubonto

Où voir le spectacle? 
Au théâtre de Poche-Montparnasse jusqu’au 9 novembre 2024
75 boulevard du Montparnasse
75006 Paris

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