Puisque tout va mal, autant en rire. Tel est le parti pris audacieux du Groupe Chiendent. Avec une autodérision piquante et une bonne dose de folie douce, ils signent une comédie écologique aussi loufoque qu’inoubliable.

Tout commence par des voix off qui posent les bases de l’aventure, laissant peu à peu place à une musique assez forte. Les basses font vibrer le sol tandis qu’un carré de lumière se dessine au centre de la scène. Deux silhouettes émergent : l’une en k-way jaune, l’autre en k-way vert. Face à face, ces personnages atypiques entrent rapidement en mouvement, prêts à interpeller le public avec une énergie débordante. Dans une mise en scène volontairement minimaliste, Nadège Cathelineau et Julien Frégé incarnent leurs alter ego avec un mélange de dérision et de profondeur. Dès les premières minutes, l’engagement écologique est posé. Le déséquilibre, quant à lui, devient le fil conducteur du spectacle.

Ces antihéros nous plongent dans une dystopie singulière, teintée d’humour noir et d’absurde. Ils se cherchent, se provoquent, discutent, tout en brisant sans cesse le quatrième mur. Leur regard se tourne vers nous, les spectateurs, comme pour nous inclure dans cette réflexion sur les contradictions de notre société. Le Groupe Chiendent explore et détourne les normes, s’éloignant des débats convenus pour poser des questions dérangeantes : Sommes-nous en train de devenir ce que l’on attend de nous ? Devons-nous renoncer à nos rêves et à nos idéaux pour nous conformer ? À chacun de tirer ses propres conclusions, et surtout, d’agir… ou pas.

© Christophe Raynaud de Lage.

                                                              © Christophe Raynaud de Lage.

Difficile de rester indifférent à cette représentation. On passe par une palette d’émotions : de la stupeur au rire, du dégoût à l’admiration, de la surprise à un brin d’ennui. Car, il faut l’avouer, 1h30 peut sembler un peu long par moments, certaines scènes donnent une impression de remplissage. Pourtant, cela n’enlève rien à la puissance globale du spectacle. Les comédiens s’investissent corps et âme, embarquant le public dans un tourbillon où l’humour noir côtoie l’absurde et le provocation. Ils s’attaquent à nos certitudes avec un aplomb déroutant. À travers des moments drôles et inconfortables, le spectacle secoue émotionnellement. Nadège, par exemple, questionne son propre dégoût : “Est-ce que j’aime vraiment lécher des trous du cul ?” Une provocation ? Oui. Mais aussi une manière d’ébranler nos vérités toutes faites. Et si l’expérience ne donne pas toutes les réponses, elle laisse des souvenirs marquants et un sourire (peut-être un peu perplexe) sur les lèvres.

Le Groupe Chiendent, avec sa démarche jusqu’au-boutiste, propose une œuvre de climate fiction radicale, où la fin du monde, terrible et inéluctable, sert d’ultime avertissement. On ne peut qu’en sortir remué, prêt à se questionner encore sur l’urgence de nos actions face à la catastrophe annoncée.

Où voir le spectacle? 
Au théâtre Silvia Monfort jusqu’au 7 décembre 2024

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