Ce n’est pas parce que l’on a des enfants que cela signifie qu’on sait les élever. Tom en sait quelque chose. Sa mère a choisi de l’abandonner afin qu’elle puisse poursuivre sa vie dans l’addiction et la dépendance.

Faire une pièce autour des enfants placés est assez rare dans le 6e art. Le thème a de quoi faire peur avec le risque de tomber, trop vite, dans un pathos trop exagéré. En 2023, la compagnie 172 complète son exploration de la famille avec la pièce « Tom » de Stéphanie Mangez. L’autrice propose un fort voyage émotionnel dans lequel tout à chacun pourra se reconnaître. Jean-Luc Voyeux fait débuter la pièce avec Tom, jeune adulte, à la maternité. Il n’est pas très à l’aise. Sera t’il un bon père? Une belle entrée en matière pour raconter la jeunesse de ce garçon. Pour beaucoup, prendre un enfant à sa charge qui était un foyer, c’est introduire un étranger dans une famille. Donc, il y a potentiellement un risque. Cet aspect est légèrement abordé. Car pour le couple qui accueille Tom, c’est plutôt l’occasion de donner plus d’amour à un individu qui en est dépourvu. Il n’est pas facile de s’adapter et ce pour les deux parties. Se projeter est difficile d’autant plus qu’ils ont déjà un garçon du même âge. Vont-ils devenir amis? Progressivement, ils vont faire famille. Le metteur en scène déploie d’ingéniosité pour sublimer cette belle rencontre.

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On nous propose une succession de petites scènes avec des phrases courtes, répétées et qui vont à l’essentiel. Le regard est à la fois celui de Tom, d’Achille ou de la mère. Les débuts sont forcément difficile car il faut trouver sa place. Par exemple, Achille va tenir des propos d’une grande cruauté car il a peur que ces parents l’aime plus que lui. Il faut parfois des blessures pour cicatriser ensemble. Quand la mère de Tom lui avoue qu’elle ne souhaite pas qu’il grandisse auprès d’elle, il n’est plus nécessaire d’attendre un signe pour Tom. Il sait qu’il ne faut plus rien attendre d’un père qui a fuit et d’une mère alcoolique. Les Deschamps prendront leur rôle très à coeur pour former un tout. Ils lui donneront les clés pour qu’à son tour il puisse être un pilier de sa famille.

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Tristan Jerram, Gwenda Guthwasser, Antoine Vaillant et Jean-Luc Voyeux forment un quatuor très complice. On sent qu’ils sont liés entre eux pour proposer un récit complet et toucher au coeur directement. Jamais ils n’exagèrent dans les émotions et jouent avec les silences. Les choses importantes s’expriment également dans les non-dits. Florian Guerbe créateur des lumières, scénographie et habillage sonore, propose quelque chose de simple et très impactant à la fois. Du mobilier coulissant qui ressemble à une maison sur lequel glisse des discrètes projections jusqu’aux interventions au micro, tout est très bien pensé et avec une très grande fluidité. Il trouve toujours le juste équilibre. On salut le fait de penser le spectacle comme intergénérationnelle avec des passages slamés et des extraits de rap comme la chanson « Petit frère » d’IAM. Un ensemble bien construit qui ne laisse personne indifférent et qui repart avec quelque chose de fort.

Une très jolie aventure théâtrale qui explore le parcours psychologique d’un enfant placé dans une famille d’accueil. L’amour n’est jamais conditionné par la génétique. 

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Où voir le spectacle? 
Au Funambule jusqu’au 10 novembre 2024

 

 

 

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