Sam Karmann nous livre, avec une délicatesse et une sensibilité poignantes, les méandres de son histoire. Derrière le comédien célèbre se cache un homme complexe, aux multiples facettes, qui partage avec nous son parcours avec pudeur. Ce témoignage intime ne laisse personne indifférent.

Sans artifice, sur une scène intimiste, il retrace avec élégance et panache les étapes qui ont forgé l’homme qu’il est aujourd’hui. À 70 ans, il dresse un bilan sans fard, dévoilant avec gratitude ceux qui l’ont soutenu. Son chemin vers le théâtre n’était pas tracé d’avance, il le doit en grande partie à sa famille, qui a toujours cru en lui. Son récit commence par celui de sa mère, Colette, une femme hors du commun. « Avant moi, il y a ma mère ». Née dans la bourgeoisie française, elle refuse de se conformer aux attentes sociales. Alors, elle se marie avec Moshen Hafez l’Égyptien auquel elle ne promet pas son coeur. En quittant un carcan oppressant, là voilà enfermé dans un autre. Après 14 ans de viol conjugal chaque soir, plusieurs enfants, elle décide de partir avec son amant qu’elle aime sincèrement.

Tant pis c'est moi - Sam Karmann © DR

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Les tensions politiques dans le pays sont aussi un signe. Elle veut le divorce et son mari, conservateur, refuse. Qu’importe au final. Une valise par enfant et direction la France pour un nouveau départ. Malgré des débuts difficiles, les choses s’améliorent progressivement. Les souvenirs de Samir sont principalement là. Il naît à Port-Said en 1953 sous le nom de baptême Dominique. Une question de prénom qui pose une question de son identité. Le spectacle explore avec justesse les thèmes de l’identité, de l’héritage familial et de la construction de soi. Sam Karmann évoque avec une sincérité bouleversante les épreuves traversées par sa mère, notamment le viol enfant par son grand-père et l’agression sexuelle qu’il a subie. Les parents ont cru Ces révélations, traitées avec une grande délicatesse, renforcent l’impact émotionnel. Il n’est pas toujours facile de se trouver mais les petits cailloux semés remplis d’amour aident à avancer. Les choses deviennent encore plus concrète quand à son tour, il devient père.

« Et moi qui croyais que j’étais devenu comédien par hasard ! ». Le talent, le charisme et la présence sont au rendez-vous et progressivement, il incarne des personnages plus important au théâtre. Au fil des amitiés, des rencontres, il se fait un nom aussi bien à la télévision avec « Navarro » ou le cinéma avec le couple Jaoui-Bacri. Son parcours est incroyable. En effet, il aurait pu écrire un livre comme bien d’autres. Néanmoins, son savoir faire repose dans l’art et la maîtrise des mots sur une scène. Alors aidé de Denis Lachaud, il se dévoile avec justesse, sans pathos facile et admiration. Les spectateurs peuvent se reconnaître dans bien des moments de vie comme perdre ces parents. Les mots font corps avec l’artiste. Sur scène, le comédien est épaulé par une équipe artistique talentueuse. La mise en scène d’Anne Poirier-Busson, subtile et sensible, est magnifiée par la création sonore de Steven Ghouti et la musique de Pierre Adenot. Ensemble, ils créent une atmosphère intime et envoûtante qui transporte au cœur du récit.

« Tant pis, c’est moi » est bien plus qu’une simple autobiographie. C’est un voyage initiatique où l’on découvre un homme complexe, aux multiples facettes. Sam Karmann nous invite à une introspection profonde, nous rappelant que chacun de nous porte en soi les marques de son histoire. Ce spectacle touchant et universel résonne en chacun de nous, nous invitant à célébrer la vie dans toutes ses nuances.

Où voir le spectacle? 
La Scala jusqu’au 29 décembre 2024
13 boulevard de Strasbourg
75010 Paris

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