Quand on évoque Victor Hugo, peu d’individus pensent à son ouvrage « L’homme qui rit ». Sauf Geneviève de Kermabon qui a décidé de l’adapter avec passion au théâtre. Seule en scène, elle donne sa voix à Gwynplaine pour nous toucher en plein coeur.

En 1869, Victor Hugo publie son roman « L’homme qui rit » et c’est un vrai flop. Pourtant l’ouvrage ne reste pas oublié. Son impact est telle qu’il inspire en 1940, le personne du Jocker dans « Batman ». L’auteur voulait réaliser une critique de l’aristocratie. Il n’y va pas avec le dos de la cuillère. Ainsi il donne vie à Gwynplaine, un jeune garçon volé et revendu par des comprachicos qui défigurent les enfants. Son visage est affublé d’un sourire de part en part des oreilles. Le petit garçon en fuyant trouve une femme morte de faim et de froid sur laquelle il y avait un bébé encore vivant. Il le sauva et en grandissant elle devint son aimé. Ursus, vagabond saltimbanque les prend sous son aile et monte un théâtre de l’horreur, la « Green-Box ». La population qui a besoin de se divertir est là pour se moquer et pour rire. Tout se passait bien jusqu’à ce jour où concours de circonstances permet à Gwynplaine d’accéder à la Chambre des Lords. Là, il pourrait changer les règles, dénoncer les injustices et permettre une meilleure répartition des richesses. « Ce que l’on m’a fait on l’a fait au genre humain. L’Homme est un mutilé. Je représente l’humanité telle que ses maîtres l’ont faite. »

Geneviève de Kermabon, seule en scène, nous raconte ce drame avec beaucoup de verve, d’enthousiasme et de sensibilité. Dès ces premières paroles, elle nous emporte dans ce monde où règne l’injustice. L’espoir de démocratie est tenace et semble impossible. La comédienne y met tout son coeur pour faire vibrer chaque émotion. Son talent de conteuse nous permet de nous emmener à la rencontre de tous les personnages en les incarnant. Un petit changement de ton ou de posture et l’illusion se fait. La description des lieux nous permet de voir ce Londres du 19e où les baraquements précaires côtoie le luxe. On voit le visage tordu de Gwynplaine, on entend la douce voix de Déa et on scrute la chambre des plaisirs de la soeur de la Reine. Il n’est nullement nécessaire d’avoir des décors sommaire pour rentrer dans l’aventure. Le temps passe sans que l’on puisse s’en apercevoir. Le drame nous percute et nous plonge dans un silence profond. Il nous faut une grande respiration pour reprendre nos esprits. Ainsi conscient de ce fabuleux moment, nous applaudissons subjuguer par ce très beau moment hugolien. On ne peut que lui dire bravo et merci.

Un sublime spectacle qui décrit l’horreur du monde et de la société à travers un touchant personnage, Gwynplaine. Il prend vie grâce au talent et au savoir-faire de Geneviève de Kermabon, une conteuse hors du commun.

Où voir le spectacle? 
Au théâtre de Poche-Montparnasse jusqu’au 4 novembre 2024
75 boulevard du Montparnasse
75006 Paris

 

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