Parler d’amour n’est jamais une tâche aisée. Pourquoi ne pas oser tout dire, tout dévoiler, tout montrer? Johanny Bert se le permet sans aucune limite.

Souvent lorsqu’on pense marionnette, on pense un art pour les enfants. Johanny Bert voit les choses tout autrement. D’ailleurs, il ne vaut mieux pas emmener vos bambins voir « La (nouvelle) ronde ». La communication a été bien faîtes car dans la salle, on ne trouve que des adultes consentants. C’est important de l’avoir choisi un minimum car parler de sexe ouvertement risque d’en déranger plus d’un et d’autant plus avec des marionnettes. Il faut de l’audace pour proposer une aventure dans les tabous. Les pratiques sont multiples et peuvent être d’une très grande richesse, surtout si on s’y risque.

©Christophe Raynaud de Lage

Les personnages s’animent de désir, de passion, de doute, d’envie, de partage.. et ils vont jusqu’au bout. L’intime s’affiche au regard de tous au lieu d’être caché. Une pudeur mis au regard de tous sans pour autant être violent ou obscène. Il n’y a pas la distance imaginaire avec les marionnettes. Ils deviennent vivants, réels comme tout à chacun. La performance est vraiment plus extraordinaire car les manipulateurs et acteurs savent se faire oublier. On admire un savoir-faire qui demande beaucoup de travail et de précision de Yasmine Berthoin, Yohnn-Hitcham Boutahar, Tse Chaussavoine, George Cizeron, Enzo Dorr et Elise Martin.

©Christophe Raynaud de Lage

La magie opère aussi grâce à la mise en scène pleine d’hardiesse et d’ingéniosité. Un tapis défile au fur et à mesure des tableaux. A chaque fois, une nouvelle proposition dans une relation hétéro, homo, bi, asexuel, jeunes, vieux, cisgenre, transgenre, binaire ou non… C’est juste des histoires d’individus et juste cela compte. On ne reste pas indemne pendant la représentation. On est surpris de voir du stupre sortir d’un urinoir, un rouleau de papier essuie-main s’emballer ou un pénis géant qui sert pour du limbo. Le tout sur une création musicale jouée en live par Fanny Lasfargues. Tout déroute comme tout émerveille sans omettre le rire. Une parfaite réalisation collective qui se remet en jeu chaque jour.

Un moment singulier qui étonne et sublime la puissance de la marionnette. Aucun doute que vous ne verrez plus cet art du même regard.

Où voir le spectacle? 
Au Théâtre de la ville jusqu’au 28 janvier 2023

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