Le temps passe si rapidement, qu’il est important de chérir des souvenirs. Marcel Proust pose son regard sur le rapport à la mémoire, à la littérature, à l’expérience à travers des récits devenus célèbres. Le théâtre offre la possibilité de percevoir des aventures autrement et plus sensiblement.

Quand on évoque le nom de Marcel Proust, de nombreux éléments viennent à l’esprit. Etonnamment, un sentiment de crainte et de fascination se mêle. On entend que c’est un incontournable à lire. Combien de citoyens ont vraiment tenté l’expérience? L’idée d’une série en sept tomes avec beaucoup de description a tendance à effrayer. Pourtant, de nombreux lecteurs ont moins de crainte pour des sagas comme « Harry Potter », « Le trône de fer » ou « Le seigneur des anneaux ». L’idée de quête possède un certain attrait et les adaptations cinématographique n’y sont pas inconnus à leur succès. L’oeuvre a été écrite entre 1906 à 1922 et publié entre 1913 à 1927. Elle a aussi inspiré de nombreux réalisateurs. Cependant, la lecture en fait frissonner de terreur plus d’un. Pourquoi ne pas tenter une autre approche plus directe et plus accessible? Le théâtre devient l’outil de mise en vie le plus propice.

Fabienne Rappeneau

David Legras arrive sur scène avec grâce dans une tenue blanche, très élégante et une valise. Il incarne Proust, un dandy. Il nous emmène dans un espace mystérieux. Les meubles dans la chambre sont recouverts de draps blancs tels les fantômes des réminiscences d’un temps passé. Quand les tissus s’envolent nous allons à la rencontre de bien de moments précieux. Nous irons déguster un thé avec Tante Léonie et retrouver le goût si particulier de sa petite Madeleine. D’autres femmes viendront nous saluer Albertine, la duchesse de Guermantes, Mme Swann… Sans omettre bien des lieux, des évènements tels que la maison de Combray, la mort de sa grand-mère… Les extraits choisis s’assemblent avec cohérence et habileté comme si initialement ils étaient liés de cette façon. Le comédien s’approprie les mots avec beaucoup de conviction. On ne doute pas de lui, de sa fragilité et de sa tendresse sincère.

Fabienne Rappeneau.

La mise en scène de Virgil Tanase est très ingénieuse et très précise. On sent que rien n’a été laissé au hasard dans cet intérieur bourgeois du 19e. L’éclairage donne cette impression d’une autre époque avec une douce de chaleur réconfortante. Le temps prend ici une nouvelle forme et ne laisse personne insensible. Certains puristes pourraient tiquer. Qu’importe, le spectateur plus lambda profite de ce moment où l’on va au-delà des mots et l’on rentre dans le domaine du sensible. Ce qui se dit, ce qui se partage fait forcément écho à la mémoire de tout à chacun avec son histoire personnel. Comment ne pas trouver cela magique? Une création qui redonne de la noblesse à la littérature et montre la force incroyable du théâtre, surtout avec des passionnés.

Quand la littérature arrive au théâtre, elle lui donne une nouvelle saveur particulière. Et la plus belle récompense est quand le spectateur a envie de redevenir lecteur. L’hommage ne pouvait être plus beau.

Où voir le spectacle? 
Au Théâtre de la Contrescarpe jusqu’au 26 mars 2023
5, rue de Blainville
75005 Paris

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