Chaque jour, nous côtoyons quelque chose de particulier qui nous influence. La mort est là, proche et loin à la fois. Pourquoi ne pas se l’approprier pour donner à l’invisible une vision plus visible?
Le théâtre Dromesko propose de vivre une expérience assez particulière à ces spectateurs. Pour les préparer, les artistes les font quitter les salles standards des théâtres. Ils les emmènent dans une structure assez atypique. La curiosité et l’impatience se ressentent dans la fille d’attente qui amène à cet espace mobile. Qu’est-ce qui se cache derrière cette grande cabane en bois? Doucement, on avance et la surprise est là une fois à l’intérieur. La scène est au milieu et de part et d’autre les sièges. Personne n’installe les individus. Dans l’air règne un bon esprit prêt à accueillir ce qui va être présenté. Que l’on soit un enfant ou un adulte, tout le monde sera pris au dépourvue. Quand le noir tombe, des mains de l’objet mannequin ouvrent les rideaux. Une table avance avec dessus une personne qui incarne le personnage de la vierge. Et en dessous 9 paires de jambes avancent en rythme marquant les mesures. On comprend que c’est une procession surtout que cela est accompagné par des musiciens jouant en live. C’est drôle, c’est perturbant, c’est inquiétant. Puis tout continue à suivre un chemin auquel on ne s’attend pas.
Comment ne pas être dérouté? Surtout que l’on nous ne raconte pas une histoire qui suit un fil rouge limpide. Il faut accepter de se laisser porter par ces instants improbables. D’ailleurs, on vient à en oublier où nous sommes. On regarde émerveillé ces saynètes remplies de folie. En un clin d’oeil, on voit un poney qui débarque tout comme un marabout (l’oiseau) et un pékinois. Aussitôt vue, aussitôt touché par cette présence qui détonne. Les animaux sont des artistes au même titre que les circassiens, les musiciens, les danseurs… Chacun à sa manière arrive à provoquer des émotions face à la fragilité de la vie qui donne à oublier, à rire ou à s’enfuir. On regarde béatement ce moment complètement rocambolesque avec la soufflerie. La force du vent fait envolé des partitions de musique, des tissus, un panier de pique-nique, une petite voiture à pédale, des humains… Mais des gens restent et résistent dans la mesure de leurs possibilités. Une esthétique qui n’a de frontière que celle de l’imaginer. On s’amuse avec des jeux d’ombres, des demi-vêtements, des chants… Comme la mort est un évènement ordinaire alors autant le fêter tous ensemble autour d’un verre autour d’une table. Le spectacle continue même quand la lumière se rallume et efface les limites entre artistes et spectateurs. Un mur tombe pour créer du lien et un moment de partage.
Ne passez pas à côté de cet instant gravement drôle qui va s’incruster dans votre mémoire. La folie créatrice amène toujours à aller au-delà des limites pour mieux avancer et s’interroger.
Jusqu’au 11 juin 2022 au Monfort