Les sociétés sombrent doucement dans le populisme. Derrière ce mot ce cache une réalité bien triste de la misère. Les citoyens se perdent et « Rien plus rien au monde » ne peut les sauver.
Sur scène ce trouve une femme, elle nous observe. Comment si elle nous interrogeait du regard. Puis, elle prend la parole, nous parle de son quotidien. Elle est mère au foyer de la classe ouvrière et fait des ménages pour arrondir les fins de mois. Juliette ponctue son quotidien d’un peu d’alcool comme un pansement sur une vie maussade. A ces côtés, un mari qui a perdu son travail, qui reste à la maison à regarder le foot et qui a une obsession du devoir conjugal en prenant à une pilule magique. Et une fille, très jolie, qui n’écoute jamais sa mère. Pourtant elle lui souhaite une vie tranquille avec un mari de son âge dans la cité, qui aurait un emploi durable. Une condition, tout de même, il ne faut pas qu’elle choisisse quelqu’un de couleur. Le racisme fait parti des choses banalisées. Elle reporte tout ces espoirs déçus sur sa progéniture qui bien entendu ne veut pas les suivre. L’adolescente rêve d’une meilleure vie, d’un mieux sans cette déchéance flagrante et surtout pour ne pas finir comme sa mère. Ce comportement amène à des conflits de génération d’une certaine violence. Et quand l’improbable arrive, Juliette réfléchit plus à ce qu’elle pourra dire et porter qu’à la réalité de son geste. Après tout, elle va enfin connaître son moment de gloire.
On a conscience de l’aspect dramatique dès l’arrivée dans la salle. Une pesanteur est là. La comédienne Amandine Rousseau donne une intensité à son personnage qui ne peut échapper à aucun spectateur. La force de son regard, son attitude et ce ton nous emporte dans son univers et nous captive. Un jeu maîtrisé à la perfection qui lui permet d’incarner une personne qui symbolise une partie de la société invisible en souffrance. Un monologue féroce, tragique et bouleversant d’une femme qui a sombré dans la misère et la folie. Est-il possible de s’en sortir quand on a touché complètement le fond? L’auteur du roman, Massimo Carlotto, grâce à une plume aiguisée et noire, pénètre dans les tréfonds de la psychologie humaine. Fabian Ferrari l’adapte à merveille avec grande sensibilité dans sa mise en scène simple, évocatrice et efficace. Comme le détail des tâches de sang sur les vêtements qui intrigue et qui nous pousse à nous demander où est-ce que l’on veut nous mener. Un focus tragique qui ne peut nous laisser indifférent et on repars pas totalement indemne.
Un uppercut digne d’une leçon d’humanité.
Où voir le spectacle?
Théâtre de la Contrescarpe
5 rue Blainville
75005 Paris
Jusqu’au 31 mars 2020