Il était une fois une jeune fille qui rêvait de devenir une artiste. Même si elle n’avait ni la taille, ni le physique requis, elle avait un petit quelque chose en plus. Cette volonté d’y arriver a changé toute sa destinée.
Le théâtre Marigny m’avait émerveillé avec « Guys and Dolls ». Alors c’est avec un plaisir non dissimulé que je suis retournée dans ce magnifique lieu pour voir l’incontournable comédie musicale dont son nom est partout sur les murs de Paris : « Funny Girl ». Un nom qui évoque bien des choses puisque c’est ce spectacle qui a révélé Barbra Streisand en 1964 alors âgée de 22 ans. A ces côtés pour le second rôle, ce n’est rien de moins que Sydney Chaplin qui lui tenait compagnie. 56 ans plus tard les chansons « People », « Don’t Rain on My Parade », « The Music That Makes Me Dance »… reprennent vie devant un public français, très présent.
C’est maintenant, de ce côté de l’atlantique que la vie de la star des Ziegfeld Follies, Fanny Brice nous est racontée. Direction New-York dans les années 1910, nous sommes dans une loge où une femme se refait une beauté. Elle attend avec impatience la sortie de prison de son mari. Elle profite de ce moment pour se remémorer tout son parcours. Direction un flashback tout en rythme, en musique live, en danse et en chant. Fanny, adolescente au physique singulier rêve de monter sur les planches. Mais les portes se ferment jusqu’au jour face à son opiniâtreté quelqu’un lui laisse sa chance. Même si sa prestation dans ce « chorus girl » n’était des plus fameuses, elle se fait remarquer comme chanteuse comique. Un homme aussi tombe sous son charme, un certain Nick Arnstein. Grâce à lui, une proposition de Florenz Ziegfeld transformera cette petite femme en une tête d’affiche. Elle va s’épanouir comme artiste et aussi comme épouse car elle se marier avec ce fameux Nick Arnstein.
Même si les conventions sociales obligent les deux personnes à se marier, ce n’est pas le bonheur au quotidien. Lui passe son temps à s’impliquer dans des projets, demandant beaucoup d’argent, qui échouent inlassablement. Et quand on épouse lui prête 68 000 dollars qu’il perd, son égo en prend un coup. Pour rembourser son aimée, il va s’embrigader dans une magouille qui va lui couter 18 mois de prison. Il lui fallait au moins ça pour faire un bilan sur sa vie. De l’autre côté, Fanny s’implique pour son public et l’émerveille à chacune de ses représentations. A la fin, pour être heureux, il faut être divorcé. Une morale dans l’air du temps, surtout que madame peut être libre économiquement, comme sa maman.
Stephen Mear, metteur en scène de « 42nd Street » et chorégraphe de « Singin’ in the Rain » au Théâtre du Châtelet et récemment de « Guys and Dolls » à Marigny, met à nouveau son imagination et son talent au service de ce spectacle qui n’a pas été jamais rejoué à Broadway. Il propose une mise en scène digne des comédies musicales anglaises et américaines. Simple, ingénieuse, logique, tous les tableaux s’enchaînent avec ingéniosité et technique. De façon permanente, sur scène on voit avec des reproductions d’arcs métalliques qui ne sont pas sans évoquer la tour Eiffel ou le pavillon Baltard. Entre ces arches, des décors montent et descendent selon les besoins de l’histoire. Sur le plateau, quelques objets qui vont et viennent avec discrétion. Cette minutie et cette précision contribuent à l’émerveillement du spectacle. Car dès que le rideau rouge se lève, que l’orchestre commence à jouer, la magie opère. Le sourire des artistes, la perfection des costumes, la rigueur des décors, la justesse des danses et ce chant si touchant, si parfait.
Christina Bianco reprend le rôle de Barbra Streisand. « Il fallait m’éloigner du film et de mes propres souvenirs pour revenir au script, le lire avec des yeux neufs et écouter la musique avec des oreilles neuves » dit-elle. Sa voix si claire, si pure et si puissante captive et envoute. Personnage centrale du spectacle, elle tient d’une main de maître toute la représentation avec une fougue et une passion continue. Sa prestation vaut vraiment le détour. A cela s’ajoute le dynamisme des autres danseurs, chanteurs… qui collaborent à la création d’un merveilleux moment. Sans oublier les numéros classiques de claquette qui fait toujours son petit effet. Le tout bien entendu en anglais surtitré en français.
Maintenant qu’attendez-vous pour réserver ? Cela va être à votre tour de vous lever pour contribuer à une salve d’applaudissements au combien mérité.
Où voir le spectacle?
Théâtre de Marigny
Carré Marigny
75008 Paris