Bienvenue dans la famille Tonhof. Ce soir, vous allez assister à un repas assez particulier. Ca va saigner. Etes-vous prêt?

Le public se retrouve face à une grande table dressée, illuminée par quatre néons blanc. Une femme remplit les assiettes de soupe, dos aux spectateurs. Une fois sa tâche effectuée, elle se retourne. Une cloche retentit. Son visage quitte doucement l’obscurité pour s’afficher dans un rayon de lumière. Dans un jeu de clair-obscur une figure inquiétante apparaît. Elle se met à hurler : « Vous n’entendez pas les cloches. Venez dîner. C’est servi. Le rôti est cuit ». Trois autres personnages arrivent portant également des masques déformant leur apparence. Une façon d’introduire une farce et de prévenir de l’aspect critique du spectacle. Un personnage, Valentin, apparaît avec un visage normal. Mais une chose étrange entoure ce jeune homme, il n’arrive qu’à grogner. « Sale porc ». Une façon d’être qui dérange toute la famille. Alors elle décide de prendre le taureau par les cornes. Tous ensemble, ils vont l’insulter, l’humilier, le frapper, l’étrangler jusqu’à une scène finale à vous glacer le sang. D’ailleurs, certains spectateurs devant tant de violence gratuite vont quitter la salle. Il faut dire que l’auteur, Peter Turrini a écrit sur le fait que pendant la guerre, la majorité de la population a collaboré.

Marie Brugière et Majan Pochard s’approprient l’histoire pour en détourner un peu le contexte. Toutefois, l’amour et la passion de la nation sont très fréquemment évoqués. « Nous sommes une famille adorable, dans un pays adorable, notre chère patrie. Dis le mot patrie. » Le suivisme est clairement affiché avec cette famille qui se laisse porter par la violence. Chacun décide de suivre les autres allant même dans les extrêmes. Quand un homme arrive et donne un conseil, le père de famille ne peut que le suivre. Surtout qu’il représente l’autorité en étant à la fois la loi, l’église et la science. Par conséquent, sa décision est pleine de sens. Le père choisit de faire ce qu’il sait faire. Il accroche son fils légitime par les pieds, on le suspend au plafond et il l’égorge. Un silence glacial touche toute la salle. Le sang s’écoule. La servante le brasse et s’en enduit le visage. Scène d’horreur ordinaire qui semble normal à tous les personnages. Impossible de rester impassible devant cela. Une séance de remue méninge qui chagrine aussi par rapport au suivisme qu’au sort terrible que l’on réserve aux animaux qui sont mangés. Quand on est face à une scène sanglante, difficile de bien se sentir.

Un spectacle percutant qui saura vous surprendre et vous laisser un étrange sentiment.

Vu dans le cadre du Festival Théâtre 13/Jeunes metteurs en scène

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