Arlequin aime Sylvia. Sylvia aime Arlequin. Le Prince aime Sylvia. Sylvia est attirée par l’officier. L’officier est le Prince. Flaminia séduit Arlequin. Arlequin tombe amoureux de Flaminia. Sylvia aime le Prince. Tout est bien qui finit bien. Non?
Philippe Calvario avait monté Le jeu de l’amour et du hasard en 2010. Il décide de revenir une nouvelle fois à la musicalité verbale et impitoyable de Marivaux avec La double inconstance où l’amour, le désir et le niveau social sont encore de mise. Arlequin aime Sylvia et Sylvia aime Arlequin. Alors impossible pour elle d’accepter la demande en mariage du Prince, qu’elle n’a jamais rencontré. Du moins, c’est ce qu’elle croit. Le Prince aidé de ces fidèles amies et servants vont trouver le point de rupture qui va permettre au couple d’accepter de se séparer. Et pour cela rien de mieux que l’expérience afin que chacun puisse prendre sa décision en pleine connaissance des possibilités même si tout est du à la de la manipulation. L’officier va rendre visite à Sylvia et la flatter. Elle tombe sous le charme de cet homme si beau et parlant si bien. Arlequin fait la connaissance de Flaminia qui se fait passer pour une amie qui soutient le couple. Puis elle jette son dévolu sur Arlequin. Petit à petit son inclination change de femme et est prêt à abandonner Sylvia pour le Prince. Les personnages perdent totalement pied. Ils sont les serviteurs de leurs émotions. Un couple défait qui en donne deux et deux mariages peut-être heureux.
Double espace de mise en scène pour une terrible machination. Un avant scène avec du sable, un simple tronc d’arbre et quelques marches pour aller dans l’espace surélevé. Une séparation qui peut représenter une strate sociale car Silvia n’est qu’une simple paysanne et va franchir un seuil important. Sur l’estrade, on voit un magnifique mur recouvert de lierre qui permet aux comédiens un jeu subtil de va et vient sur scène montrant la grande ingéniosité du scénographe Alain Lagarde. Impossible de ne pas rester captiver par l’histoire qui nous emporte.
Luc-Emmanuel Betton, Roger Contebardo, Maud Forget, Sophie Tellier, Guillaume Sentou et Alexiane Torrès brillent par leur investissement dans leur rôle, leur énergie, leur folie, leur passion qui nous les font tous aimer pour leur force et leur faiblesse. Une complicité étonnante qui renforce le machiavélisme de l’histoire. Les costumes sont d’une grande beauté avec le mélange des styles et époques surtout avec les robes de Flaminia et de Lisette. La robe jaune flamboyante montre la vulgarité alors que la robe verte Belle époque sublime l’élégance allant jusqu’au détail de mettre des vraies morceaux de plume de paon. Arlequin ressemble plus à titi parisien jusqu’à dans sa façon de se déplacer. Un incroyable travail de la costumière Coline Plonquin qui vaut vraiment le coup d’oeil. Et pour englober l’ensemble, il faut parler du fantastique travail sonore de Christian Chiappe et de Guillaume Leglise. Bien souvent on ne se rend pas compte de la musique, mais ici elle accompagne et souligne les moments importants et contribuent à valoriser les émotions ressenties par le spectateur. Tout interagit avec grande justesse et nous accompagne à chaque instant.
Un spectacle extrêmement bien conçue avec de très talentueux artistes qui rendent honneur au théâtre très cruel et féroce de Marivaux. Une des plus belle adaptation que j’ai vu de cette pièce. Courrez-y.
Mais où voir le spectacle?
Théâtre 14
20 avenue Marc Sangnier
75014 Paris
Métro : Porte de Vanves, bus : 58 et 95, tramway T3 : Didot,
Jusqu’au 20 avril 2019
le mardi, vendredi et samedi à 20h30,
le mercredi et jeudi à 19h00
matinée le samedi à 16h00