A la suite de la Grande guerre, un vent de liberté et de modernité souffle sur la société. Paris s’amuse et s’encanaille. Les courants musicaux venus de l’autre côté de l’Atlantique passionnent. Rien de tel pour ouvrir un nouveau cabaret : la Boule Rouge. Que diriez-vous de franchir ses portes?

L’inclination première de Constance Dolifus et Clément Hénaut pour leur premier spectacle en commun est de réarranger des musiques actuelles dans un univers musical opposé et décalé. L’idée de plonger le récit au coeur des années folles à Paris s’impose. Là où certains adaptes des comédies musicales américaines en français et d’autres font venir les spectacles en version originale sur-titrée, eux choisissent de créer une production made in France. Benoît Dupont s’occupe de la partie centrale avec la musique qu’il a en partie adapté. Ainsi le rythme devait respecter le swing de l’époque. Une période où le jazz fait son apparition en même temps que le charleston, les robes légères… La particularité se trouve dans l’insertion de morceaux modernes revus et corrigés comme Lady Gaga, Céline Dion, Nina Simons, Pointer Sisters, Journey, U2, Edith Piaf… On ne s’étonne pas d’entendre « Je suis malade » de Serge Lama suite au reniement d’un fils par son père. Ou « Etre une femme » de Michel Sardou qui pose la question de la femme dans une société en mutation où la femme abandonne le corset pour des robes plus légère et plus courtes. Sans oublier la sublime scène de mash-up où tout est tiré au cordeau avec une très grande précision. Un très bon moment qui surprend agréablement.

Les costumes devaient refléter également ce nouvel état d’esprit. On constate une grande variété des costumes d’époque créés par Flore et Christine Leclercq comme les robes charleston avec des sequins, perles et autres brillants ou le clin d’oeil à Madeleine Vionnet avec la robe de la femme bourgeoise émancipée. Les décors ne sont pas en reste. Par exemple, la façade d’un théâtre qui n’est pas rappeler le théâtre des champs Elysées, lieu même où se produisait le cabaret nègre où Joséphine Baker était une figure phare. De même avec les lupanars avec la lumière rouge allumé au-dessus d’une porte. Dans le cas où ce détail passe inaperçu, une péripatéticienne apparaîtra avec son client. Et l’ensemble de ces éléments prend vie grâce à l’énergie et à la fougue des 17 comédiens et du jazz band qui joue en live. Chacun montre la grande variété de ses talents avec le jeux, la danse et le chant. On pourrait croire que l’histoire d’un jeune riche qui vient à la Taverne du Baron car il est tombé amoureux de la chanteuse reste assez planplan. Mais c’est une façon de montrer la fracture entre une société bourgeoise et une société qui se réinvente avec de nouvelles limites. Une situation qui permet d’intégrer une bonne dose d’humour qui se glisse ici et là. Paris devient une métropole où l’homosexualité sort de la clandestinité. Une modernité illustrée par un jeu de séduction entre deux hommes et un court moment de danse. Tout comme la présence d’un travesti en tant que danseuse et chanteuse.

Le mouvement est magnifiquement orchestré par Eva Tesiorowski qui propose de très jolies tableaux telles la scène du tango à trois, la double scène avec une partie chant et son parallèle en danse et surtout la sublime scène de fin.

  ©BenH-Photography

Ca bouge, ça danse, ça swing avec de l’amour, de la passion et de l’enthousiasme. Ne passer à côté d’une belle soirée où vous partirez ravie.

Où voir le spectacle?
Théâtre des Variétés
7 Boulevard Montmartre
75002 Paris

jusqu’au 22 juin

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