Direction Paris, les années 30 où nous allons rencontrer Anaïs Nin, Henry Miller et son épouse, June. Entre eux, une affinité plus que littéraire se créer. Un vent de liberté s’empare de leur personnalité et les incite à donner toute désinvolture à leurs envies.

Pendant les années 30 de nombreux artistes du monde entier viennent se ressourcer, échanger, créer sur Paris. La morale se veut plus libre et tout devient possible. Anaïs Nin publie des écrits personnels où elle parle sans tabou de sa sexualité avec de nombreux amants, de sa vie de femme libre, d’un mari lointain qui ne l’empêche nullement de s’épanouir. Mais les éditeurs sont frileux de publier des textes si érotiques. Alors dans son appartement, elle auto-édite ses écrits qui circulent partout. Sa verve, sa force, son énergie séduit Henry Miller. En quelques échanges, ils tombent amoureux fou l’un de l’autre. Le duo est au final un trio car Anaïs se veut libre dans l’amour et ne s’attacher véritablement à personne. La seule chose qui l’anime et qui l’apaise est l’écriture. Sa peur de rester avec quelqu’un peut être lié au fait qu’elle a été abandonné jeune par son père. Un manque affectif qu’elle tente de soigner auprès d’un psychologue. Une guérison de ses blessures ne risquerait-il pas de retirer l’intensité de son écriture? Qu’importe la réponse, l’écriture reste la chose la plus vitale à son équilibre et son épanouissement.

L’auteure et metteure en scène Wendy Beckett s’intéresse beaucoup aux femmes qui ont des destinées mouvementées. Après la vie de Camille Claudel, elle présente une nouvelle artiste dans les murs de l’Athénée avec Anaïs Nin. Deux femmes libres, deux femmes amoureuses que la passion anime. L’ingénieuse mise en scène permet encore une fois de nous plonger dans un contexte historique grâce au mobilier ingénieusement aménager permettant de changer de lieu avec facilité sans jamais perdre le spectateur. Le décor permet d’installer les personnages qui construisent une relation pleine de fougue tempérée et de questionnements. Tout se fait avec une grande retenue, avec des mots pleins de délicatesse, des gestes harmonieux…

On se demande alors pourquoi avoir choisi de réaliser des scènes de sexe tout habillées, avec même l’utilisation d’une couverture pour cacher? La pudeur amenée avec tant de prévenance devient absurde dans ces moments. Les scènes auraient pu être suggérées comme le reste. C’est dommage car l’ensemble est d’une grande cohérence. Comme par exemple, le fait de faire jouer le père d’Anaïs Nin et son psychologue par le même comédien, Laurent d’Olce, qui joue du trouble de l’écrivaine. Les comédiens s’investissent avec conviction et enthousiasme et c’est un régal de les regarder. Laurent Maurel interprète avec ivresse Henry Miller tout comme Mathilde Libbrecht, qui joue son épouse, June Miller. Mention spéciale à Célia Catalifo, déjà aperçue dans « Claudel » à l’Athénée, qui incarne avec sensibilité et douceur Anaïs Nin.

Un voyage où l’on se laisse porter par la rencontre d’une intellectuelle et sensuelle femme de son temps. Une rencontre qui vous donnera une furieuse envie de lire.


Mais où voir ce spectacle?
A l’Athénée Louis Jouvet
7 rue Boudreau
75009 Paris

jusqu’au 30 mars 2019

Tags:

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *