A pas de loup, la salle du Mouffetard se remplit ne laissant aucun siège vide. Tous sont venus pour aller à la rencontre de ce fameux Chien Blanc. Ce White dog, adopté par Romain Gary, symbole et témoin d’une révolution sociale au coeur des Etats-Unis. Un univers de papiers froissés qui nous emmène au coeur de la lutte pour les droits civiques des noirs.


Au début était l’Histoire
Romain Gary, aviateur, militaire, résistant, diplomate aime prendre sa plume pour dénoncer la médiocrité humaine et y insuffler un peu d’espoir. En 1970, il écrit un récit autobiographique sous le nom de Chien blanc. Dans les années 1967-1968, il vit aux Etats-Unis, à Beverly Hills avec son épouse, l’actrice américaine Jean Seberg, qui s’implique dans la lutte pour les droits civiques pour les noirs. Martin Luther King a été assassiné. La tension monte progressivement dans les rues. Dans sa maison, il se rend compte que le chien qu’il a recueilli, Batka, a été élevé pour chasser les personnes noires. On lui conseille alors d’abattre l’animal car on ne peut pas changer le conditionnement qu’il a subi. Mais Romain Garry veut croire que l’on peut désapprendre la haine et passer au dessus de la bêtise humain. 

« White Dog », par Les Anges au plafond, résidence Saint-Priest © VINCENT MUTEAU


Sous les mots, les papiers déchirés
Pour la création 2017, la compagnie Les Anges au Plafond a décidé d’adapter un nouveau roman de Romain Garry suite au spectacle R.A.G.E.. L’auteur va prendre vie sous les traits d’un personnage de papier, tout comme d’autres. La page blanche prend une dimension plus profonde et surprenante. Il prend l’apparence d’une page géante qui se découpe, d’une fenêtre qui s’ouvre sur un dresseur, des textes, des chiens… Le tout accompagner de jeux de lumière habillement orientés. La blancheur prend des couleurs avec l’encre noire d’un récit qui s’écrit et du sang des blessures de l’Histoire. 

« White Dog », par Les Anges au plafond, résidence Saint-Priest © VINCENT MUTEAU

Camille Trouvé et Brice Berthoud, à la mise en scène, mettent leur talent et leur imagination au service de la puissance d’un récit plein d’espoir. Des marionnettes prennent vie et font totalement corps avec leur manipulateur. Brice Berthoud, Arnaud Biscay, Yvan Bernardet et Tadie Tuené jouent et se transforment avec délicatesse, force, dextérité le tout en musique. Chacun son poste, ses compétences, son savoir-faire. Mais ils partagent tous une passion commune pour incarner leurs personnages réels ou fictifs et faire vivre une aventure incroyable aux spectateurs. La violence des mots souligne la violence des faits. L’ensemble nous pousse à nous interroger.

« White Dog », par Les Anges au plafond, résidence Saint-Priest © VINCENT MUTEAU

Une multitude de trouvailles plus ingénieuses les unes des autres qui nous font voyager au cœur de la force des mots. Sans oublier de prendre au passage une bonne claque pour réfléchir au monde.

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