Lorsqu’on évoque la notion de famille, vous pensez souvent à l’affection que peuvent avoir les parents pour leurs enfants. Mais la réalité n’est pas toujours dans cette jolie histoire que l’on se raconte. Brasse Bouillon et sa mère, Folcoche entretiennent une rivalité d’inimitié sincère et violente. La liberté ne peut se gagner que vipère au poing.

C’est au collègue que j’avais lu « Vipère au poing » d’Hervé Bazin. Des années plus tard, cette lecture hante encore ma mémoire. Je n’ai pas hésité un instant pour aller voir l’adaptation au théâtre. Adapter un roman au théâtre et dans un seul en scène, voilà un pari risqué. Mais ce défi relevé par la compagnie du Taxaudier s’avère réalisé avec brio et ingéniosité. Aurélien Houver devient ce jeune Brasse Bouillon. Avec ces frères, ils vivaient heureux chez sa grand-mère. Aucun d’eux n’avait de souvenir de leur mère. Quel genre de personne peut-elle être pour qu’on lui enlève ces enfants se demandent-ils. Malheureusement pour eux, ils vont très vite connaître la réponse à cette question. La mort de leur tendre grand-mère va les pousser à faire cette rencontre qui va changer leur vie. A peine arrivé sur le quai, les enfants se précipitent pour rencontrer leur mère. Son côté sec et méchant va se montrer dès les premières phrases prononcées.

Le confort de vie avec des draps chauds, des repas délicieux, l’innocence de jouer dans le parc…. tout cela c’est fini. Adieu bonheur simple et bonjour torture physique et mentale. Chaque jour devient un affrontement surtout pour Brasse Bouillon qui se rebelle. Avec sa mère va se mettre un combat sans pitié. D’ailleurs, elle prendra le sobriquet de Folcoche. L’amour que lui témoigne chacun de ces enfants se voit sur tous les arbres du parc. On peut y voir graver les lettres VF : Vengeance à Folcoche. La paix ne pourra revenir qu’une fois cette femme morte. Mais les personnes comme elle, ont la haine et la colère qui coulent dans leur sang sont très résistantes. Il reste juste la fuite. Est-il possible par la suite de croire dans l’amour, la tendresse et l’amitié ? On ne peut sortir indemne de tant de blessures au cœur et à l’esprit.

Hervé Bazin en 1948 livre une histoire semi-autobiographique cruelle et sans demi-mesure. Aurélien Houver incarne à merveille l’ensemble des personnages principaux de cette terrible histoire. Il leur donne tous une vie, une existence. Dans une posture, un changement de voix on sait qui il devient. Son regard brille de malice quand il prend la peau de Brasse Bouillon. Jamais il ne baissera les bras et il y met tout son énergie. Sans jamais faillir, animé par un feu intérieur le comédien se donne corps et âme. Il court, il saute, il bondit, il clame sa colère. Pendant 1h20, il ne connait aucun repos. Le spectateur ne peut quitter du regard cette performance d’acteur pleine d’énergie et d’enthousiasme. La lumière d’Idalio Guerreiro accompagne à merveille les déplacements d’Aurélien Houver qui arrive à le valoriser avec élégance en soulignant toujours les moments les plus sensibles.

Ne passer pas à côté de ce spectacle qui brille autant par la qualité de l’interprétation que par son écriture précise et incisive.

A voir si : 
– vous adorez les adaptations de romans au théâtre,
– vous aimez les textes forts.

A ne pas voir si : 
– vous espérez rire de bon coeur,
– vous pensez que les familles ne peuvent être que gentilles.


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