Lors du tournage de The Artist en 2010, Bérénice Béjo rencontre Sylvain Groud. Le chorégraphe a tout de suite pensé à la comédienne pour son spectacle inspiré du Sacre du printemps d’Igor Stravinsky. Un duo improbable, plein de poésie, qui vous fera oublier le temps qui passe.
Le 29 mai 1913, le théâtre des Champs-Elysées accueille Le Sacre du printemps, sous-titré Tableaux de la Russie païenne en deux parties. Une partie du public est choquée et n’hésite pas à insulter les artistes sur scène. L’autre partie du public, applaudit, émerveillée par un spectacle comme il n’en avait jamais vu. Alors quoi de plus normal que 100 ans plus tard, l’œuvre inspire encore. Le chorégraphe Sylvain Groud a décidé de donner une autre vision du spectacle en se mettant en scène avec la comédienne Bérénice Béjo. C’est cette rencontre entre les deux arts qui va donner une saveur toute particulière à ce sacre.
La scène du théâtre du 13ème art se dévoile dans toute sa longueur. L’espace semble gigantesque. Seuls des projecteurs positionnés à hauteur d’homme entourent la scène. Au bord de cette dernière, côté cours, juste deux chaises. Le décor est planté.
Sylvain Groud s’échauffe puis se change. Ensuite, il prend possession de tout l’espace pour danser. Puis la comédienne surgit sur scène depuis la salle, attirée comme un tournesol par le soleil. Son regard ne peut se détacher du danseur, avec son sourire, moitié heureux et moitié timide. Une alchimie se créée à ce moment précis. Elle ne quitte plus l’espace et danse à ses côtés. Parfois elle s’arrête et lui parle, l’émotion au coin des lèvres. « Je me souviens avoir été émue du soin que vous mettiez à éplucher un fruit, ce soin tout aussi minutieux dont vous faites preuve lorsque vous posez vos mains sur mon ventre quelques secondes« .
On en oublie que Bérénice Béjo n’est pas une professionnelle de la danse. Son corps semble souple et léger, presque habité par le son. L’harmonie est parfaite avec Sylvain Groud, ancien danseur dans la compagnie d’Angelin Preljocaj. Je ne peux quitter mon regard de ces échanges pleins de douceur et de fantaisie. Surtout vers la fin du spectacle, où les corps se rapprochent, cloisonnés dans un espace lumineux rouge qui se rétrécie. Un jeu de séduction se met en place entre mouvement et échanges de regard, sur des rythmes entraînants. Puis, la femme part. Il danse et sa solitude est exacerbée par l’absence de l’autre. L’espace qui se réduit, jusqu’à l’épuisement. Mais ils se réconcilieront dans un geste de tendresse.
Une œuvre audacieuse d’une heure qui mêle la musique tellurique du Sacre du Printemps, la douce voix d’une comédienne et des corps en mouvement. Un délicat moment de partage plein d’émotions et de volupté.
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