Vous êtes fan de romans scandinaves et de théâtre et vous ne savez pas où voir ces deux éléments mélangés ? Rassurez-vous la compagnie « Le retour de Nabot Léon » a de quoi vous régalez. Pour cela, il va falloir réserver votre mardi soir au théâtre Montmartre Galabru.
La compagnie « Le retour de Nabot Léon » a de la suite dans les idées. Cette troupe pleine d’énergie et d’enthousiasme a décidé d’adapter une bande dessinée au théâtre. Un défi de taille qui a été relevé haut la main. Pour mettre le spectateur dans une ambiance assez particulière, on lui présente sur scène en lettre géante le nom du spectacle « Polar » avec l’ensemble de la troupe, debout derrière, en tenu de guerriers, lumière rouge et musique dynamique. Puis se fait entendre la douce et mélodieuse voix de Benedict Cumberbatch dans Sherlock Holmes version BBC, voix française de Gilles Morvan, qui nous explique ce que nous allons voir. Pas de panique, c’est bien écrit dans le script d’Henrik Lange dans « Comment écrire un polar suédois sans se fatiguer ».
Aussi surprenant que cela puisse paraître, l’histoire suit fidèlement la bande dessinée, jusqu’à l’insertion de très courts résumés de romans suédois à succès. Tous les ingrédients pour l’écriture prennent vie sous nos yeux étonnés. Le nom d’une ville pas très connu ce qui permettra peut-être d’avoir une remise de prix par des élus locaux. Henrik Lange a choisi de parler de la ville où il vit : Bollebyg. Cela cache peut-être un espoir caché d’une récompense ? Pour nous français, cela nous paraît tout de suite exotique. De même pour le nom du héros, le commissaire se nomme Ake Larsson. Il faut qu’il possède certains caractères physique comme bedonnant, alcoolique, fumeur… Le comportement du comédien ressemble à Colombo toutefois en comparant avec la bd, Rémi Johnsen est assez semblable à son original papier.
Grâce à un système ingénieux de lumière crée par Mickaël Bouey, les comédiens vont et viennent avec quelques accessoires et en changeant de costumes pour nous donner la suite des éléments pour écrire un bon roman suédois. L’assassinat d’une enfant (joué par Louis Ould Yaou), une comptine, un indice laissé sur place, un personnage louche, un vieux râleur, une scène de sexe torride devant la fenêtre, un chef pas commode, une journaliste trop curieuse… Tout cela va nous être raconté en son et en image avec beaucoup d’énergie et surtout beaucoup d’humour.
Lorsque notre commissaire conduit à toute vitesse nous voyons le devant d’une voiture, phares allumés. Nous apercevons derrière lui le reste de la troupe en train de mimer une chorégraphie d’Abba avec une chanson que l’on entend assez fort. Bien entendu, ce détail lui ne figure pas dans la bd. Le metteur en scène Marc Riso a détourné quelques détails et en a intégré d’autres pour donner plus de loufoquerie au spectacle. Ainsi on assistera à une jolie scène de danse moderne avec Julien Portugais et Victoire Charval. Un indice sera même donné au début de la représentation sur le stand à hotdog « Chez l’innocent » tenu par Thomas Lemaire. De même l’effet stroboscopique lors des scènes de combat, c’est très malin visuellement. En plus, on entend du métal donnant une rythmique assez dynamique avec les comédiens en fond de scène qui simulent être les musiciens. Je pourrais vous citer de nombreux détails tellement c’est riche de créativité. Ils ont aussi rajouté une interaction avec le public en faisant monter une spectatrice sur scène qui était ravie de jouer à « Qui veut gagner des millions ? ». Et ils ont très bien rebondi au fait que la spectatrice ne voulait pas jouer le jeu. L’imagination, la répartie et la passion sont indéniablement au rendez-vous.
Même si le début prend un temps à se mettre en place, une fois l’histoire lancée, vous n’aurez plus aucun répit pour garder le sourire et la bonne humeur. Alors laissez vos préjugés de côté sur les romans scandinaves et venez passer une très bonne soirée au théâtre Montmartre Galabru.