La littérature de science-fiction a travers le temps à fait de nombreuses prédictions qui se sont révélées exactes. Karel Čapek en 1935 raconte une folle épopée où des salamandres se rebellent contre l’exploitation humaine. La fin du monde est-elle proche?
Un marin aide un peuple de salamandres vivant à l’île de Ta-Na-Ma-Sa à pouvoir vivre en toute liberté dans toutes les eaux du monde. En contre partie, ces animaux lui donnaient de magnifiques perles. Dans son périple, le capitaine Van Toch a fait participer un de ces amis,Max Bondy, un homme richissime. Toutefois, à son décès, le milliardaire à vu un autre potentiel dans l’exploitation de ces animaux. Elles deviennent un point centrale dans une économie mondialisée. Quelques interrogations commencent à se faire entendre sur leur condition de vie. Mais rien ne change vraiment. Jusqu’au jour où tout le monde est obligé de prendre un virage radical.
L’auteur Tchèque Karel Čapek avec son roman « La Guerre des salamandres » délivre un message écologique d’une férocité sans pareil et d’une actualité qui ne peut nous laisser insensible. La montée des eaux qui va causer la perte de la planète. Ce n’est pas sans rappeler le dérèglement climatique et les conséquences que nous connaissons. L’homme pour le profit est prêt à tout sacrifier sans aucune pitié. Une réussite impossible sans l’aval des médias qui manipulent la vérité. N’oublions pas que le livre a été écrit en 1935 où la situation politique dans le pays de l’auteur commence à devenir tendue. Il préfigure le racisme, l’antisémitisme, la montée du nazisme, l’impérialisme colonial… et le suivisme des populations qui acceptent l’inacceptable.
Robin Renucci et Samuel Poncet proposent une mise en scène très ingénieuse et réfléchi. Ils mélangent le théâtre d’objet, les ombres chinoises, les projections cinématographique… donnant de la consistance à cette aventure singulière. Les sept comédiens incarnent avec précision la quarantaine de personnages. Et lorsqu’il n’est pas sur scène et juste derrière le rideau de délimitation, il devient manipulateur de marionnettes, bruiteur, chanteur… Entre eux, on sent une connivence sincère qui les poussent à exceller dans leur rôle. Et le fait que des spectateurs étaient sur liste d’attente prouve que le bouche à oreille à bien fonctionner. Comment ne pas être émerveiller par cette scénographie avec ce plateau surélevé, formant une estrade. Au dessus, figure une énorme loupe qui selon les inclinations se transforme en lumière ou en écran. Et sous l’estrade, tiroirs, escaliers, fauteuils apparaissent au besoin de l’histoire. Quel élégance dans la précision des détails qui donne toute la force au spectacle.
Au final, nous sommes tous des salamandres mais sommes-nous prêts à vouloir changer notre société?
« Ne pensez pas que l’évolution qui a abouti à notre vie soit la seule possibilité d’évolution sur notre planète » — Karel Čapek