Attention Mesdames et Messieurs, vous allez entrer dans l’univers haut en couleurs du Cabaret Louise. Simone et Edouard vous dans la bonne humeur et l’improbable vous raconter une histoire de lutte sociale. Alors, allez-vous asseoir confortablement et laissez-vous guider.
Evoqué la Commune de Paris de 1871 dans un spectacle, voilà un pari risqué. Un défi que relève avec ingéniosité la compagnie du Grand soir. Toutefois, elle évoque cette période à travers une figure un peu oublié des livres d’histoires. Le Cabaret Louise s’appelle ainsi pour rendre hommage à Louise Michel, femme de toutes les luttes. Elle recueille des enfants afin de leur apprendre à lire et à écrire. Jules Ferry n’est pas le premier à avoir eu l’idée d’une école gratuite et obligatoire. D’ailleurs, l’image que l’on a de cet homme n’est-elle pas trop valorisante ? N’a-t-il pas ordonné que l’on tue des parisiens ? Comme on nous le rappelle, ce sont les vainqueurs qui écrivent l’Histoire et souvent au masculin.
Louise Michel n’a jamais refusé un combat quitte à être en première ligne face à des armes pointées sur des femmes et des enfants. Si elle avait pu, elle aurait assassiné cet Adolphe Thiers qui a préféré les prussiens aux parisiens. Elle est restée debout tête droite pour honorer tous ces camarades morts sous les balles comme son très cher ami Théophile Ferré. Mais ne croyez pas que les deux comédiens racontent juste un morceau d’histoire stoïque face au public.
Déjà, lorsque le spectateur rendre dans la salle, ils sont à côté de la porte d’entrée à saluer tous ceux qui rentrent. Ils se mettent à égalité des gens, en les accueillant avec le sourire et bonne humeur. Puis Johanna Garnier, la régisseuse illumine la scène, met la musique et le spectacle commence. Edouard (Régis Vlachos) et Simone (Charlotte Zotto) tout de noir vêtus commencent leur show tout en mouvements dynamiques, en souriant et en chansons. Très vite l’histoire vraie de Louise Michel va se percuter à la vie privée d’Edouard et Simone, fraîchement séparés. Les engueulades de couple s’entremêlent aux révolutions. Un passé qui ne s’oublie pas comme celui de la Commune.
Des dérapages contrôlés au combien drôles et déjantés vont se succéder. Un assemblage assez bien fait puisque les rires raisonnent dans la salle. En plus, la régisseuse est dans la combine et va même à un moment sur le plateau car les comédiens ont quitté la salle suite à une dispute. Une petite parenthèse pour parler des Fralib et inciter à acheter leur thé. Malin le petit clin d’œil qui montre que l’on peut aujourd’hui encore lutter.
La compagnie du Grand soir veut un théâtre social et engagé accessible à tous les publics. Il faut dire que la mise en scène de Marc Pistolesi se prête assez bien à cela avec le mélange de cabaret, de comédie potache et de textes engagés avec des comédiens qui vont dans le public, dans la loge de la régisseuse, sortent de scène et quittent même le plateau. Ça pétille à tout instant avec habileté, passion, colère, fougue… Sans oublier un brin d’impertinence en transposant certains textes d’époque à nos jours. Et pour mettre de la poésie dans ce cri de révolte, de la musique avec des références à Léo Ferré, Georges Moustaki, Louise Attack sans oublier notre héros nationale : Johnny Hallyday (« on a les héros qu’on mérite »). Et pour partir le cœur joyeux et plein d’espoir Charlotte Zotto interprétera « Le temps des cerises » au ukulélé.
Un singulier hommage à la révolte et à l’espoir d’une lutte commune pour des lendemains meilleurs. Vous l’aurez compris, ne passez pas à côté de cette pépite qui arrive avec agilité à mélanger humour et savoir.
Mais où voir ce génialissime spectacle?
Au Funambule Montmartre
53 rue des Saules
75018 Paris
Mais quand??
Les mercredis
23 janvier, 6 février, 20 février à 19h30
30 janvier, 13 février, 27 février à 21h00
A voir si vous aimez :
– les femmes qui en ont dans la culotte,
– les compagnies qui font des spectacles engagés et
– rire intelligemment (si si c’est possible).