Il y a des tempêtes qui parfois détruisent bien plus que des maisons. Et lorsque l’eau se déchaîne à l’extérieur, certains viennent se réfugier dans des petits endroits chaleureux. Autour d’un verre, les coeurs se libèrent et les blessures saignent. Katrina va t’il les soulager?
De quoi ça parle?
Direction le bar de l’hôtel Le Muriel’s, dans le Vieux Carré à La Nouvelle Orléans. Le lieu est assez vide mais cela n’a rien d’étonnant. L’ouragan Katrina a été annoncé et il a été recommandé à tous de fuir. Certains ne partent pas car ils ne savent pas où aller. C’est ici chez eux. C’est ici que reste les traces de leur passé.
Au début, il y a juste la charmante serveuse et un client qui discutent tranquillement entre eux. En fond sonore, on entend la pluie qui tombe avec force. Très vite, un travesti entre tout trempé. Il a juste sa robe et ces chaussures à talon, un lieu avec un peu de chaleur humaine lui fera du bien. Pareil, pour cette femme charmante, en robe moulante noire qui débarque complètement éméchée.
Les inconnus n’ont pas fuit car ils sont attachés à leur fantôme qui les lient à cette terre. Les blessures et le mal être les poursuivent chaque jour. Certains noient leur détresse dans l’alcool et d’autre dans un espoir de jours meilleurs. Leurs langues se délient et leur vie prend les couleurs sombres de leur désespoir. Maintenant, leur destin est lié à jamais.
Ce que j’en pense?
Parfois certains vont au théâtre pour rire et s’amuser. Et d’autres vont au théâtre pour découvrir des choses et se prendre une bonne claque d’émotions. Nicolas Rocq auteur et acteur, a décidé de n’épargner personne dans ce récit tragique. Chaque personne souffre d’être ce qu’elle est. Nous avons un travesti qui a subi bien de humiliation chez lui et dans son entourage. En plus, il a perdu, il a peu de temps son premier et véritable amour qui a mis fin à sa vie. Nous avons un homme qui se trouve irrémédiablement attiré par un enfant auquel il a envie de faire l’amour. Il sait que c’est mal et en même temps, il trouve cela beau. Puis on continu avec la femme en noir qui vient de se faire quitter par son mari. Elle n’arrive pas à se passer de l’alcool. Partout, elle cachait des bouteilles pour répondre à son vice. Il l’a perdu. Et enfin, nous avons la gentille fille qui a été abandonnée et qui espère retrouver sa mère. C’est la plus innocente.
Tous les personnages vont ouvrir leurs coeurs. Pour montrer cela, le metteur en scène, va jouer avec les lumières. Dès que le passé refait surface, la lumière devient bleue sur scène et un autre comédien joue le rôle d’un tiers. Les mots sont durs. La réalité l’est d’autant plus. Impossible de rester impassible devant ces mots chocs qui blessent et qui peinent. De plus, le jeu des comédiens est d’une justesse étonnante. J’ai été vraiment touchée par l’homosexuel travesti interprété par Nicolas Rocq. Les mots sortent avec des tons bouleversants. Tout comme la sublime Laurence Facelina, criante de vérité dans un désespoir qui ne verra jamais la lumière. Nina Poulsen et Ronan Mascarille ne sont pas en reste avec leur interprétation.
Sur scène, un musicien qui joue du saxophone pour jouer seul ou accompagné des morceaux. Il est toujours très agréable d’écouter de la musique en live mais je ne vois pas trop l’intérêt de sa présence. L’ambiance musicale en fond sonore est suffisante. Les jeux de lumières complète à merveille l’ambiance. J’ai bien aimé le moment où un spot illumine le musicien et aussi Laurence Facelina le regard perdu au loin. C’est délicat et toujours juste.
Un très beau spectacle qui ne pourra pas vous laisser indifférent. Partez prendre un raz-de-marré, vous allez être chamboulé.
A la folie Théâtre
Du 20 avril au 24 juin Jeudi, vendredi et samedi à 21h30
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