Cyrano n’est pas un simple homme parmi les mortels. Derrière ce nez, ce cache un fin bretteur de mots et d’épée. Et pour l’amour de sa belle, il risquera sa vie et gardera un secret. Prêt pour une aventure haute en couleurs et rebondissements ?


C’est quoi déjà l’histoire ?
Cyrano est aussi fin bretteur que brillant locuteur. N’oublions pas qu’à la fin de l’envoi, il touche. Pour sa cousine, la belle Roxanne, il serait prêt à tout. Il l’aime tellement et il voudrait lui avouer son amour. Mais son nez l’en empêche. Comment pourrait-on aimer quelqu’un de laid ? Alors il reste proche d’elle à l’amuser de ces combats et de ces histoires incroyablement racontées.

Voilà qu’un jour, sa duègne vient à sa rencontre lui demande un entretien. Il est fou de joie. Pour fêter cela, rien de moins qu’un combat contre 100 à la porte de Nesles. Le lendemain, la déception sera grande car Roxanne est amoureuse d’un beau jeune homme, Christian. Il vient d’intégrer les cadets et elle voudrait qu’il veille sur lui. En effet, il est aussi beau que Cyrano est un fabuleux conteur. C’est ensemble qu’ils vont la séduire. Cyrano lui écrira des lettres passionnées et Christian récoltera l’amour de la belle.

La guerre va mener les cadets sur le champ de bataille à Arras. Christian se rend compte que la demoiselle l’aime pour ces mots qu’il est bien incapable de prononcer. C’est Cyrano qu’elle aime. Il veut qu’il lui avoue ce secret car lui ne veut être aimé que ce pour ce qu’il est. Cependant, une balle aura raison de sa vie et son sang signera sa dernière lettre d’adieu. Roxanne inconsolable va alors dans un couvent faire le deuil de celui qui a enflammé son cœur. Cyrano viendra chaque samedi lui tenir compagnie jusqu’à son dernier soupir.

Cyrano : J’aurais tout manqué, même ma mort


De quand date la pièce ?
La première représentation a eu lieu le 28 décembre 1897 à la Porte St Martin. Le succès est unanime. Edmond Rostand (1868 – 1918) l’a écrite pour l’acteur Coquelin. Pour lui, les pièces qu’il jouait ne lui donnait jamais assez de place, ni assez de répliques. L’auteur a décidé alors de casser les codes pour faire une place importante au personnage principal. Il s’est inspiré de la vie du poète et auteur dramatique Savinien Cyrano de Bergerac.

« C’est à l’âme de Cyrano que je voulais dédier ce poème. Mais puisqu’elle a passé en vous, Coquelin, c’est à vous que je le dédie. » écrit Rostand en dédicace à l’édition de la pièce.


La pièce ne sera jouée au Français que le 19 décembre 1938. Le premier a se vêtir le rôle de Cyrano sera André Brunot dans une mise en scène de Pierre Dux. Malgré un manque de fantaisie, il incarne le personnage et le public se ravie. La pièce sera jouée 416 fois de 1938 à 1953. En 1964, on remet le couvert avec une mise en scène de Jacques Charon avec en rôle-titre Jean Piat avec en alternance Paul-Emile Deiber. 21 nouvelles représentations se joueront en 1976 au Palais des congrès pour cause de travaux de la Salle Richelieu. Jean-Paul Roussillon est chargé de refaire la mise en scène en prenant en compte la scène plus grande et le plus grand nombre de spectateurs. Trois Cyrano ont alors montés sur scène : Jacques Destoop, Alain Pralon et Jacques Toja.

En 2006, c’est le sociétaire Denis Podalydès qui remet à nouveau la pièce au goût du jour à la salle Richelieu. Depuis la pièce a été jouée 1 105 fois à la Comédie Française dont 251 fois avec le fabuleux Michel Vuillermoz dans le rôle-titre.


Une remise au goût par Denis Podalydès
Denis Podalydès fait partie de ces artistes qui ont de l’or entre les doigts. Il pourrait se contenter d’être un excellent comédien. Mais cela ne lui suffit pas. Il fait alors le metteur en scène et va revisiter des classiques du répertoire. En s’emparant de la salle Richelieu, il donna un nouvel éclat à Cyrano qui remplit chaque soir la salle de spectateurs curieux et attentifs.

Il dira : « Quand, acteurs de la Troupe, nous montons des pièces, nous avons inconsciemment le désir de montrer notre théâtre, tout ce qui nous le fait aimer et y rester». C’est dans cet esprit qu’il donna un coup de neuf en 2006 à cette pièce qui commençait à prendre la poussière. Certains diront que cette pièce qui a permis à la Comédie Française de retrouver ces lettres de noblesse auprès du grand public. La pièce remporte très vite un succès aussi bien critique que des spectateurs. En 2007, c’est 6 récompenses aux Molière qui vont honorer la pièce.

Pour éviter les habitudes, Cyrano ne se joue pas tous les ans. Mais l’attente est grande pour les spectateurs car la rumeur sait que c’est une pièce d’exception. Cette année encore, le spectacle s’est presque joué à toutes les dates à guichet fermé. Ceux qui n’ont pas pu avoir de place vont devoir attendre. L’extraordinaire Michel Vuillermoz ne remettra pas son nez l’année prochaine.

En plus, Denis sait bien s’entourer puisque c’est l’actuel patron de la Comédie Française, Eric Ruf, qui a réalisé les sublimes décors. Et pour les costumes, rien de moins que du Christian Lacroix pour les excellents comédiens du français. Les talents ne manquant pas dans la maison de Molière, la réalisation vidéo a été confiée à Anne Kessler. Et c’est une quarantaine d’acteurs qui se sont succédé dans les distributions sur une dizaine d’année.


Ce que j’en ai pensé ?
 J’avais eu le plaisir de voir se spectacle il y a trois ans à la Comédie Française et j’avais été émerveillée. J’y suis retournée une nouvelle fois accompagné de potes qui ne connaissaient pas forcément la Comédie Française et la pièce. Cyrano est une belle entrée en matière pour découvrir aussi bien la magnifique salle que l’étonnant spectacle. Voilà un endroit qui peut faire aimer le théâtre qui mêle talent, passion et imagination.

Jean Vuillermoz fait partie de ces comédiens du français que j’adore. Il dégage quelque chose sur scène d’assez incroyable et ce personnage de Cyrano lui va comme un gant. En plus, il faut une sacrée énergie pour interpréter l’intrépide bretteur amoureux et rester presque 3h00 sur scène avec des monologues longs et cousus au millimètre prêt. Il court, il vole, il bondit, il parle, il n’arrête jamais.

Christian Hecq, qui vient de rentrer dans le Larousse, malgré une courte présence apporte toujours une touche d’humour incroyable. Il ne peut passer inaperçue tellement il rayonne de malice. Je me souviens encore comment il m’a fait rire dans Le fils à la patte de Feydeau.


J’adore beaucoup Bruno Raffaelli en adorable Ragueneau et Gilles David qui ont des voix qui raisonnent de façon si agréable. C’est très appréciable de les écouter car ils savent nous emporter même en fermant les yeux. Et puis, il y un comédien que j’apprécie beaucoup pour son charisme, le charmant Stéphane Varupenne qui joue le Bret, fidèle ami de Cyrano. Qui était il n’y a pas longtemps au Studio pour jouer Comme une pierre qui…

Tous ces comédiens de talent donnent toujours le meilleur d’eux-mêmes avec un ton juste. Même les textes ennuyeux (et il y en a quelques-uns) prennent une dimension appréciable grâce à ces artistes hors pair. Je leur dis un grand bravo.

Puis il y a une mise en scène assez grandiose qui nous plonge à la fois dans le classique et dans le moderne. Une partie des décors fait 19ème. Mais les décors bougent et sont déplacés aussi bien par les comédiens que les accessoiristes. Parfois, ils sont rangés sur les côtés ou au fond, visible du public. Bien entendu, les grandes scènes comme celle du champ de bataille. On fait tomber une grande toile de fond qui cache et au milieu de la scène des tranchés, des arbres et des coquelicots. De même pour la magnifique scène chez Ragueneau ou du plafond tombe des casseroles et poulets et du sol émane vapeur et cuisiniers. Il y a quelque chose de magique qui se crée et je reste les yeux ouvert émerveillée.

En plus, il y a des clins d’œil par-ci, par-là. Au début de la pièce, sont cité Eric Ruf, Jean Piat… Des gens qui ont eu une histoire avec le bonhomme au grand nez à la Comédie Française. Le tout doublé avec un écran vidéo où était projeté des images de ces personnes qui ont marqué cette pièce avant de retourner à l’histoire et de montrer la belle Roxanne (Françoise Gillard). J’ai aimé voir à la fin, une copie du siège où Molière a joué la dernière fois sur scène. Ragueneau cite Molière et Cyrano meurt dans le siège du Malade imaginaire. D’ailleurs, on peut vérifier après car le siège est au bout du couloir où il y a le foyer.

En petit détail, j’adore quand les gens sont blessés que des confettis rouge tombent de leurs blessures. C’est très poétique, drôle et visuel à la fois. D’ailleurs, ce procédé a été réutilisé dans Roméo et Juliette joué cette année. Les petits détails peuvent apporter tellement de choses.

Je pourrais encore continuer à faire l’éloge de cette pièce tellement que je l’ai trouvé extraordinaire. C’est ma seconde pièce préférée après 20 000 lieues sous les mers avec le surprenant Christian Hecq. Je pense que quand elle sera rejouée dans 2 ou 3 ans, j’irais de nouveau la voir pour encore être émerveillée de ce personnage qui gardera son panache jusqu’à son dernier souffle.


Pour la première fois sur les grands écrans

Le mardi 4 juillet 2017, la Comédie Française suite à un partenariat des cinémas, va s’inviter dans les salles. Dans 365 salles de France a été diffusé en direct le sublime spectacle Cyrano de Bergerac. Puis il sera diffusé à l’étranger grâce au soutien de l’Institut Français et va être rediffusé dans plus de 400 salles en France à partir du 20 juillet 2017.

Vous n’avez pas d’excuse pour ne pas aller à la rencontre d’un personnage marquant du théâtre français. Des comédiens fabuleux, une mise en scène extraordinaire, des magnifiques costumes et une histoire palpitante. Allez en prendre plein les yeux et enrichir votre humanité de vers étonnants.

Tags:

2 Comments

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *