Mettons un peu de tutus et de torses nus dans ce monde de brut. La troupe, Les Chicos Mambo, fondée il y a 20 ans, décide de travestir les hommes pour parodier de grands classiques de la danse. Quand la danse se veut comédie, on ne peut dire tutu pouet pouet.
Impossible de passer à côté de ce spectacle dont les affiches inondent aussi bien le métro que la presse. Une communication simple et drôlement efficace. Un homme en tutu, il y a de quoi marqué l’œil et intrigué certains esprits, surtout féminin. Car ce soir-là, les dames sont en majorité écrasantes. Même si, on le sait, les femmes sont plus consommatrice de culture que les hommes. Est-ce les hommes torses nus avec des tablettes de chocolat qui auraient titillé la curiosité de certaines ? Je ne vais pas me prononcer.
Philippe Lafeuille a décidé de mettre en scène six danseurs d’univers différents pour montrer la danse sous tous ces aspects et les tourner en dérision. Ainsi on va passer de la danse classique avec tutu, à la danse contemporaine, au tango, au sacre du printemps… sans véritable transition. A la vitesse de la lumière les artistes changent de tenus pour mettre ou retiré un tutu, mettre un fruit en tulle sur la tête ou mettre une robe avec une perruque. Les tableaux se suivent et ne se ressemblent pas, me plongeant ainsi dans la surprise totale. N’ayant pas regardé de vidéos auparavant, je suis allée les voir totalement vierge d’attente. Et j’aurais tendance à dire heureusement car j’ai été un peu déçue. Une de mes connaissances m’avait prévenu que cela restait un divertissement très grand public.
Esthétiquement, c’est vraiment très beau et très intelligemment travaillé. Les hommes aux corps musclés avec des vêtements souples à l’aspect léger qui va en harmonie avec le danseur, c’est assez magnifique surtout avec les supports portés en tulles. En plus, cela est renforcé avec de beaux jeux de lumières. J’ai adoré certains moments comme le solo sur les pointes que j’ai trouvé très bien techniquement et magnifique à voir où le magnifique moment de danse tango avec de sublimes et séduisants jeux de jambes. Les corps musclés des artistes contribuent aussi à certains émerveillements. C’est avec une aisance étonnante qu’ils arrivent à danser avec des talons, qu’ils font tourner des rubans et même qu’ils réalisent des portées à la Dirty Dancing.
Indéniablement, il y a beaucoup d’idées et de talent mais à trop vouloir se moquer et vouloir faire du grand public on va vers la simplification et la facilité. Très vite les tableaux se succèdent parfois trop vite, une idée est encore reprise et montrer différemment. L’inconfort, même en première catégorie de Bobino, contribue à mon enthousiasme partagé. Comme l’orchestre est en pente descendante, avec la tête des gens devant, on ne peut pas voir les pieds des danseurs. Ce qui est bien dommage pour les scènes du début. J’aurais voulu que certains tableaux soient plus développés et durent ainsi plus longtemps. Les danseurs sont vraiment très bons alors ce n’est pas le savoir-faire qui est mis en cause. C’est le choix de mise en scène.
Un spectacle d’une esthétique fabuleuse avec des artistes talentueux et pourtant je n’ai pas été totalement convaincue. C’est charmant et le sourire est très souvent au rendez-vous, mais lorsque je suis sortie la déception était là, j’en aurais voulu plus et mieux.