Prenez une grande respiration, car vous allez plonger dans un huit clos au cœur d’une manipulation qui mènera dans une descente en enfer. La manipulation pernicieuse peut emmener vers des chemins qu’il n’a jamais emprunté pour tomber dans une déchéance qu’il ne croyait possible. Mais qui se cache derrière se serviteur ?
C’est dans une sobre mise en scène de Thierry Harcourt, dans une ambiance des années 50 avec des lumières crépusculaires, que nous allons aller à la rencontre d’un homme très entouré, peut-être trop.
Tony, jeune aristocrate paresseux décide revenir habiter à Londres. Un de ces fidèles ami va lui trouver une maison en location. Il ne pourra pas gérer tout cet espace tout seul et va faire appel alors à un serviteur. Pour ne s’embarrasser à rencontrer plusieurs personnes pour faire le bon choix, il prend à son service la première personne qui se présente. C’est un certain Barrett à l’air bien étrange, avec une élocution particulière qui va venir et qui va doucement s’imposer.
On lui dit que son domestique est bien étrange mais il se refuse à le croire. Surtout qu’il est couvé comme un roi. La maison est propre, il y a toujours à boire et la nourriture est délicieuse. Pourquoi aller dehors et chercher du travail quand on se sent bien chez soi ? Puis le rapport maître/serviteur va changer pour complètement s’inverser. N’y voyez guère une référence à Marivaux. Ici, il n’y a pas une critique de la société de classe. C’est plus une plongée dans l’être humain dans ce qu’il a de plus vil, de plus manipulateur. Je pense plus au Portrait de Dorian Gray où Dorian devient de plus en plus cruel face à cette éternité qui le rend fort.
Le couple se sépare au bénéfice de parties de jambes en l’air avec des filles choisies et ramenées par le serviteur. La débauche dans tous ces états qui l’éloigne de ces amis et de sa famille. Un portrait saisissant qui m’a absorbé pendant tout le spectacle jusqu’à la fin. Une étrange fin d’ailleurs car beaucoup n’avait pas saisi que tout s’arrêtait là. J’aurais apprécié une fin qui ressemble plus à fin d’histoire ou d’action plutôt que de me laisser dans le cours de quelque chose. Peut-être que comme moi, de nombreux spectateurs auraient apprécié un peu plus d’histoire pour rester avec ces étranges personnages. Les comédiens surtout les deux rôles titres étaient brillants et faisaient vibrer de noirceur cette histoire.
Une promenade dans le royaume du mal qui installe un certain malaise qui captive le spectateur.
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