Eric Emmanuel Schmitt met comme à son habitude un texte écrit de sa main dans son théâtre de la rive gauche. Actuellement vous pouvez aller voir sa nouvelle nommée Le chien mené par la main de maître de Mathieu Barbier et Patrice Dehant. Mais que peut lier un auteur et un médecin?
C’est entouré de personnes aux cheveux poivre et sel que je me rend au théâtre de la rive gauche. J’ai le droit à des regards en biais car je suis venue toute seule voir Le chien et que j’avais plus de 20 ans de moins qu’elles. Non, je ne me suis pas trompée de lieu.
Il faut qu’Eric Emmanuel Schmitt ne choisit pas n’importe lequel de ces textes, ni n’importe quel interprète dans son théâtre. Pour sa nouvelle, il a choisi dans le rôle de l’écrivain, Mathieu Barbier et dans celui du docteur Samuel Heymann. Deux hommes qui quittent leur identité pour incarner véritablement ceux de leur personnage et leur donner une consistance touchante.
Mathieu Barbier possède une douce voie de conteur qui arrive à m’emporter assez vite dans cette aventure qui a bouleversé l’écrivain. Lui avait des chiens, c’est d’ailleurs en se baladant dans la forêt qu’il a rencontré le docteur Samuel Heymann. D’ailleurs, cet homme était toujours accompagné d’un Beauceron nommé Argos. Il voudrait en savoir plus sur cette personne mais il a une préférence pour les animaux que les humains. Puis à force de ce rencontrer, ils sympathisèrent. Ensemble, ils partagent une passion pour la littérature.
L’écrivain partit en déplacement à l’étranger. A son retour, il apprit la triste nouvelle, le docteur s’était suicidé après la mort de son chien. La tristesse le toucha tout de suite. Que savait-il de cet homme? Son chien était-il vraiment tout pour lui? Pourquoi avait-il toujours la même race à ces côtés?
Lorsque sa fille, Miranda vint le voir pour apprendre plus à propos de son père. Elle n’a pas pu lui en dire beaucoup plus. C’était un homme secret. Puis, il reçoit une longue lettre. C’est le docteur qui lui a adressé en lui racontant un morceau de sa vie expliquant son côté secret et le pourquoi de la race de chien. C’est à ce moment que la voie de Patrice Dehant prend place dans le décors très sommaire. Un récit qui ne peut laisser personne insensible. Face à l’horreur, comment reprendre goût à la vie?
« Si les hommes ont la naïveté de croire en Dieu, les chiens ont la naïveté de croire en l’homme.«
Le monde extérieure s’arrête une fois que le noir se fait sur scène. Le calme vient doucement et les moments d’intensité sont perturbés par les sonneries de téléphone qui ont été volontairement laissés en mode son. Cela met en exergue l’émotion sincère qui nous touche. J’entend par-ci, par-là quelques larmes qui s’écoule. Comment rester de marbre face à l’horreur de la situation et à ces images qui viennent tout de suite en tête? La voie des comédiens est délicate. Sur scène, il y a juste quatre cubes en bois sur fond noir. Les deux hommes bougent doucement sans aucun mouvement brusque. La gestuel est accompagnée subtilement avec la lumière. Par contre, je n’aime pas trop les transitions musicales qui pour moi, n’apporte rien.
Lorsque le spectacle touche à sa fin. Le noir se fait progressivement sur scène pour laisser le temps au spectateur de revenir sur la planète terre en 2016. Puis les applaudissements viennent et ne s’arrêtent pas. Imblement les comédiens nous remercie ainsi que les techniciens. Le calme revient doucement. Les portent s’ouvrent. Il faut partir car un autre spectacle se joue après. L’émotion est toujours là coincé au coin de coeur. Une fois dehors, je croise un sdf qui crie au pied Argos. Je le regarde avancé et une larme coule simplement d’un oeil. L’air frais me fait du bien. J’avance dans un silence calme avant de revoir la foule qui m’entoure partout.
Une pièce touchante qui sait avec une mise en scène simple mettre en valeur des comédiens de talent et un magnifique texte.
Lire l’avis de Bricabook : « Une pièce ô combien magistrale, pour réfléchir sur l’Homme, sur l’impact de la méchanceté des uns sur les autres, sur les stigmates que certains portent à la face de tous et cachent difficilement, sur cette résilience qui est en nous, qu’on pense solide, mais qui est en réalité trop souvent fragile et qui s’effrite et s’efface lorsque le vent du Nord souffle sur notre vie … »
Lien vers le théâtre
Tarif unique : 19€ (possibilité de trouver moins cher sur des sites de reventes)