Dorothy Parker était une idole américaine du 20ème siècle. Une femme de caractère qui n’avait pas son sarcasme dans sa poche et qui se permettait tout. Libéré et directe, elle menait la vie qu’elle voulait qu’importe si cela dérangeait les bien-pensants. Natalia Dontcheva incarne cette personnalité haute en caractère sur la scène du Lucernaire.
Le titre du spectacle « Dorothy Parker ou Excusez-moi pour la poussière » peut surprendre. Mais c’est pour mieux montrer au spectateur l’humour de Dorothy Parker. En effet, elle a choisi comme inscription mortuaire : « Excusez-moi pour la poussière ». Voilà le ton est donné. Natalia Dontcheva incarne cette femme et raconte l’histoire de sa vie surtout lorsqu’elle faisait partie des égéries des écrivains américains dans l’entre-deux-guerres. Elle a imposé sa plume de critiques littéraires dans les années 20 pour écrire par la suite des nouvelles dans Vanity Fair et au New Yorker, des poèmes et des scripts comme Une étoile est née. Elle allait s’enivrer d’hommes, de mots et d’alcool avec ces amis, Scott Fitzgerald, Hemingway, Faulkner… au cercle vicieux à l’Algonquin. Même si, elle a fini sa vie seule avec ces chiens, elle a été mariée avec un homme plus jeune avec qui, elle ne pouvait partager la même demeure. Il est mort avant elle.
Son humour, sa cruauté, son cynisme et sa prestance étaient sa marque de fabrique. La pièce lui rend hommage avec passion et curiosité. Natalia Dontcheva prend les mots qui deviennent les siens car elle a incarne cette femme d’exception. Elle devient Dorothy une fois la robe passé dans un décor d’un autre temps, une bouteille d’alcool à la main et un vison sur les épaules. J’ai adoré le moment où elle répète avant d’aller devant la commission Mc Carthy pendant la chasse aux sorcières, en portant en provocation une robe rouge. On sent la solitude d’une femme qui soigne des blessures à coup d’alcool aidant peut être à mettre plus de verve dans ces mots.
Par contre, j’ai été un peu dérangé par la mise en scène d’Arnaud Sélignac car j’ai trouvé assez brusque les changements de période. L’histoire de cette femme débute à son deuxième mariage jusqu’à sa mort et même si les lieux changent tout en étant bien et judicieusement présentés, je les trouve rude avec ces noirs. J’ai trouvé d’une part cela brusque même si cela permettait aux gens d’applaudir et que cela coupait la dynamique des histoires. Alors mon enthousiasme y a pris un coup car il fallait à chaque fois être plus attentif pour savoir quand et où allait avoir lieu le récit d’après. Les 1h10 de spectacle sont passés vite mais j’en sors un peu partager. A force de lire des critiques dithyrambiques, je m’attendais à être totalement emporté et cela n’a pas été le cas. Cela confirme qu’il faut lire les critiques après le spectacle et pas avant.
Une sympathique rencontre avec une femme pleine de conviction et de courage. Le spectacle m’a donné envie de découvrir les écrits de Dorothy Parker. Je m’attendais à plus de fougue mais la comédienne joue avec passion et arrive à nous captiver pendant tous le spectacle.