La Maison des Métallos propose de nouveau un spectacle investi avec A mon âge, je me cache encore pour fumer. Cette tragi-comédie nous raconte l’histoire de neuf femmes de conditions sociales différentes dans un hammam à Alger pendant les années noires. Une rencontre inoubliable avec des femmes exceptionnelles.
Neuf femmes qui sont mère, amante, veuve, célibataire… se rencontrent dans le hammam où il n’existe plus de frontière sociale. Les corps se déshabillent et les langues se délient. Dans ces murs où chacun vient se laver la conversation se fait livre et les tabous s’effacent. C’est avec une grande honnêteté que l’on trouve abordé les questions des rapports homme/femme, du viol, du mariage forcé, la religion, le port du voile, le désir d’indépendance et de liberté. Entre rire et larmes, ces femmes nous dévoilent un cri silencieux pour une liberté de vivre avec ces idées. Malgré beaucoup de divergences, elles vont ensemble défendre une jeune fille de 16 ans, enceinte sur le point d’accoucher face à son frère et d’autres islamistes qui souhaitent sa mort pour vaincre le déshonneur. Dans le pays règne la corruption, la misère, les attentats, la monté des intégristes religieux… La femme devient le reflet de ces souffrances et est au cœur de l’identité nationale.
Le spectacle crée en 2009 à la Maison des métallos, puis repris en 2011 avant de tourner dans le monde vient faire ces dernières représentation là où tout a commencé avec un public toujours au rendez-vous. L’écriture de Rayhana, tendre et drôle avec la mise en scène ingénieuse de Fabien Chappuis donnent au spectacle un côté percutant et pertinent. L’histoire se déroule dans un hammam où l’on voit les femmes se dévêtir puis se laver et se faire laver. Dans ces gestes si ordinaires naissent une histoire surprenante avec un portrait très émouvant de ces femmes souffrants du pouvoir de l’homme, qui se dit supérieur. Ce dernier n’hésite pas à se marier avec des petites filles de 9 ans, de forcer leurs femmes à faire l’amour même quand elles disent non ou de juger qu’une femme est le déshonneur d’une famille si elle ne se marie pas avant un certain âge. J’ai été touchée par ces récits d’injustice qui provoque autant de colère que de compassion. Marie Augereau, Géraldine Azouélos, Paula Brunet Sancho, Linda Chaïb, Rébecca Finet, Catherine Giron, Maria Laborit et Taïdir Ouazine jouent avec une telle justesse que l’on rentre dans l’histoire directement jusqu’aux larmes.
Alors si vous voyez prêt de chez vous ce spectacle qui parle de l’intolérable condition féminine avec une interprétation remarquable. Courez-y mettre de la beauté et du rire dans votre coeur avec l’intelligence de l’écriture et de la mise en scène. Un spectacle qui va vous marquer pendant très longtemps, surtout avec cette fin qui a produit un silence extraordinaire.
Extraits de presse
Le hammam devient un lieu sans contours où l’âme est aussi visible que le corps. La fureur et la terreur vous sautent au visage en même temps qu’un amour désespéré.
Gilles Costaz, Politis
Un humour ravageur et contagieux. Les neuf actrices incarnent savoureusement ces personnages typés, bien trempés, jouent et s’emparent des truculences du texte sans faux-semblants, avec une sincérité qui fait mouche. Rayhana dresse un réquisitoire implacable contre les intégrismes et la lâcheté. La mise ne scène de Fabian Chappuis épouse les méandres de ces confidences polyphoniques.
Marie-Josée Sirach, l’Humanité
Une œuvre coup de poing qui dénonce les violences politiques, sociales et sexuelles. Un texte tout à tour révoltant et hilarant qui célèbre la femme maghrébine. Des femmes si lumineuses et dignes dans leur combat vers la liberté.
Cédric Chaory, Jeune Afrique
L’écriture de Rayhana est truculente, tendre et drôle. Tous ces personnages possèdent une combativité et une force qui pourraient surprendre bien des occidentales « libérées ». Un spectacle tonique et réjouissant.
Sylviane Bernard-Gresh, Télérama
Fabian Chappuis souligne délicatement cet inframonde où l’humour le dispute sans cesse à la tragédie.
Muriem Hajoui – A nous Paris
Les spectateurs en ressortent tourneboulés, les larmes aux yeux. La force de cette pièce est de transformer du tragique en éclat de rire.
Didier Arnaud, Libération
Il y a un rythme, un sens des dialogues naturels, savoureux, des confidences audacieuses, une liberté de ton. Tout cela fait de ce spectacle un moment fort et original, très courageux, émouvant et drôle.
Armelle Héliot, Le Figaro
Un réquisitoire et un chant de résistance. Une véritable mise à nu dans un langage cru et direct. La liberté et l’intelligence de ces femmes, leur apprentissage de l’audace, leurs échanges chaleureux, leur complicité et leur maturité sociale et politique impressionnent.
Jean-Claude Rongeras, France2.fr