La Villette accueille dans la grande halle la première création d’une artiste circassienne : Raphaëlle Boitel de la compagnie Oublié(e) dans L’Oublié(e).
Raphaëlle Boitel entre à l’école Nationale du Cirque Annie Fratellinie en 1992. Elle débute sa carrière professionnelle à l’âge de 13 ans avec James Thierrée, qui a vu en elle, une graine de talent. Même si elle travaille à ces côtés, son univers est assez éloigné de la poésie et de l’onirisme de ce dernier.
Dans L’Oubliée, elle ouvre la porte de son imaginaire où de ses cauchemars. Son univers m’a rappelé celui de David Lynch, de Pina Bauch, Loïe Fuller , Tchekhov… Une multitude de références riches en couleurs, en formes et en sons. Dans un décor simplifié où l’on trouve juste une grande toile plastique blanche et une vitre en verre semi-polie s’expriment cinq artistes dont trois femmes. Important le nombre de femmes, car se sont-elles qui sont au coeur de cette histoire aux situations fantastiques.
Ainsi une succession de tableaux nous apparaît dans un esthétisme époustouflant. Le spectateur ne rit pas, ne sourit pas, il reste captivé par ce qu’il se passe sur scène. Gabrielle Boitel s’envole dans les airs, virevolte dans les mains d’un homme où tire ce dernier via une longue robe. Les gestes sont entiers et surprenants remplis de douceur et de brutalité. La musique devient une composante importante, nécessaire et entêtante où les genres se mélangent. Le rock se mélange à l’électro, à une base rythmique et même à l’absence de note. Car même dans les instants où la musique s’arrête pour nous faire entendre les bruits comme le bruissement de feuilles qui tombent ou un éclat de rire, un silence subjugué persiste.
Bien entendu, dans le spectacle on découvre du cirque moderne où la règle reste de dépasser les frontières, casser les codes et créer s’impose ici. La danse contemporaine se mêle au cirque qui se mêle aux jeux de silhouettes du 17ème tout comme le cinéma ou du cabaret. Alors sans surprise, je regarde l’obscurité où une lumière dirigée par une lampe de poche poursuit des femmes courants dans tous les sens.
Un spectacle qui ne peut pas nous laisser dans une totale indifférence. Une artiste qui a développé le talent de la folie créative pour entraîner le chalands dans un ailleurs troublant. C’est avec certitude que Gabrielle Boitel à un bel avenir culturel devant elle.
A la Villette jusqu’au 12 juillet 2014.
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