L’Histoire n’est pas une vérité absolue. C’est plutôt des récits biaisés de ceux qui ont gagné. Avec Monsieur Henri, François Piel-Flamme s’attaque à ce fait pour le remettre en cause avec une énergie mordante et un humour incisif. Entre conférence satirique et one-man-show, il revisite deux mille ans de trahisons, de lâchetés et de retournements de veste, bousculant les mythes et dynamitant les certitudes.
L’Histoire appartient-elle vraiment qu’aux vainqueurs ? Pas si l’on en croit Monsieur Henri, qui s’attache à la raconter à travers le prisme des vaincus, des traîtres et des perdants magnifiés. Dans ce seul-en-scène, François Piel-Flamme nous embarque dans une épopée très érudite avec son lot de poil à gratter. Les figures politiques et historiques sont passées à la moulinette avec verve et enthousiasme. Dès son entrée fracassante sur scène, Monsieur Henri impose son style avec un look rétro de prof des années 50. Sous forme d’une conférence décalée, il interpelle, bouscule, provoque et interroge notre culture générale. « S’il y a quelqu’un de droite dans la salle, ne nous quittez pas. Mais s’il y a quelqu’un de gauche, sachez que l’on va essentiellement parler lâcheté et trahison. » Le ton est donné : tout le monde en prend pour son grade.
Il propose son spectacle en deux parties pour chaque parti politique, pour la gauche : « De Judas à Manuel Valls » et pour la droite : « De Néron à Marine Le Pen ». Cela fonctionne sur une trame commune avec une succession de portraits acérés. Les propos tombent souvent dans la caricature dans laquelle il s’enfance jusqu’au bout. Il assume totalement les raccourcis et use avec ingéniosité de bien de biais cognitifs. On sent que tout repose sur des vérités historiques détournées, pour remettre en question nos certitudes. Et surtout faire des ponts, assez bref, sur des choses qui restent toujours identiques actuellement. Tout ça sent la manipulation et les raccourcis que des populistes utilisent. L’objectif est certes différents. Bien qu’il se démène à 2 000% avec conviction, les rires restent très silencieux dans la salle tout comme les applaudissements.
Derrière son humour caustique et ses outrances assumées, Monsieur Henri pose une vraie question : comment se construit notre mémoire collective, et qui décide du récit officiel ? En déconstruisant les icônes, en multipliant les anachronismes, les fausses vérités, François Piel-Flamme nous inciter à regarder l’Histoire autrement et aller découvrir des vrais vulgarisateurs d’Histoire. Un spectacle prometteur, qui pique, qui provoque, mais qui au final nous ennuie à force de vouloir nous distraire en nous amusant.
Où voir le spectacle?
Au théâtre du Funambule jusqu’au 29 mai 2025