Le spleen de l’ange – Théâtre de Malakoff

Théâtre

Phot. © Christophe Raynaud de Lage« Le spleen de l’ange » nous invite à suivre un être céleste désireux de connaître l’expérience humaine. Lassé de son immortalité, cet ange aspire à la fragilité et aux joies éphémères de la condition humaine. À travers un spectacle mêlant marionnettes, musique et poésie, Johanny Bert nous entraîne dans une quête existentielle aussi drôle que mélancolique.
Johanny Bert et le Théâtre de Romette nous éblouissent une nouvelle fois avec cette création originale. Ils captivent le spectateur avec une proposition des plus étonnantes. Comme l’indique le titre Le Spleen de l’ange, nous rencontrons un ange voué à l’éternité. Mais cette éternité devient trop pesante : il ne veut plus incarner cette image de perfection, de sagesse et de pureté. Ses ailes, symboles de sa condition, deviennent un véritable fardeau, qu’il s’arrache violemment, encore et encore. « J’en crève d’être immortel », s’exclame-t-il. On frissonne en assistant à cette scène, impossible de rester indifférent. Cette quête de mortalité devient une démarche profondément motivée : une existence avec une fin donne un sens à chaque instant. Son hypermnésie, cette mémoire infinie, le prive du soulagement de l’oubli, de l’oubli de ce que l’on a fait, de ce qui s’est passé, et de la possibilité de connaître à nouveau le « goût des larmes ».

Les références d’inspiration sont nombreuses. Johanny Bert cite Les Ailes du désir de Wim Wenders (1987) et Idiots and Angels de Bill Plympton (2009). Les spectateurs avertis y retrouveront des clins d’œil discrets, mais cela n’est pas essentiel pour se laisser porter par cette réflexion emplie d’espoir. La marionnette aux multiples facettes incarne, avec douceur et mélancolie, ce besoin de transgression. Après un début empreint de lenteur, le spectacle gagne en complexité et en dynamisme à mesure qu’il avance. On assiste à des tableaux d’une grande sensibilité, comme cette fleur sous verre, qui évoque Le Petit Prince.

Phot. © Simon Gosselin Phot. © Simon Gosselin

Le marionnettiste prête sa voix, pleine de délicatesse, à ce personnage hors norme, qui prend progressivement plus de place sur scène. Il est accompagné par trois musiciens talentueux : Marion Lhoutellier au violon et aux instruments électroniques, Guillaume Bongiraud au violoncelle et aux instruments électroniques, et Cyrille Froger aux percussions et au clavier. Ensemble, ils interprètent des morceaux mêlant musique classique, contemporaine et électronique. Les parties chantées, véritables interrogations intérieures de l’ange, font résonner les voix de Brigitte Fontaine, Alexis Morel, Prunella Rivière et Laurent Madiot. Ces instants apportent une alternance entre rire face aux doutes et tristesse face aux échecs des tentatives de l’ange. Mais n’oublions pas : À cœur vaillant, rien d’impossible. L’onirisme est bien présent et, même s’il nous transporte un peu moins que dans les précédentes œuvres, le spectacle reste un moment intense. Il bouscule nos certitudes, redonne du pouvoir à l’espoir et pousse nos émotions dans leurs retranchements.

Johanny Bert et sa compagnie Théâtre de Romette continuent de faire preuve d’audace, de foi en l’humanité et d’un pouvoir créatif hors norme. Ensemble, ils nous invitent à vivre des aventures riches en émotions, des moments inoubliables qui résonnent encore longtemps dans nos vies.

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