Frédéric Moreau, reçu bachelier, rêve de sa vie future à la capitale et aux succès qui l’attendent. Il n’avait pas prévu de croiser le regard de la belle Mme Arnoux. A partir de là, son quotidien est chamboulé.

Lorsqu’on évoque « L’éducation sentimentale » de Gustave Flaubert, des réminiscences scolaires pointent le bout de leur nez. Bien souvent, se ne sont pas d’agréables souvenirs. Mais peut-être qu’il aurait fallu voir l’adaptation au théâtre pour mieux savourer les mots du 19e. D’autant plus que le récit est assez intemporel. C’est l’histoire d’un gars, Frédéric Moreau, né dans la bonne famille avec un bon pécule. Il monte à Paris avec un copain et veut profiter de la vie par tous les bouts. L’amour le frappe lorsqu’il croise Mme Arnoux. Il fera tout pour recroiser cette femme mariée et mère de famille. Donc, il est impossible d’avoir une liaison. Quelle belle occasion d’aimer le sentiment d’amour que d’aimer vraiment. Car il n’aime qu’une seule personne par dessus tout : lui-même. Alors il cultive les apparences de richesse, s’offre les plus belles et les plus convoitées maîtresses. L’Histoire se déroule dans les rues et des amis à lui viennent lui demander de l’aide pour libérer le peuple. Pourquoi prendre part? Le plaisir reste là quand le sang des citoyens s’écoulent sur les trottoirs et non le sien. Pourquoi choisir quand cela ne concerne pas vraiment sa petite personne?

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Quel ado ne se reconnaîtrait par le slogan : « moi avant tout le reste »? Ils seront conquis par la mise en scène et le jeu audacieux et singulier de Sandrine Molaro  et Gilles-Vincent Kapps. Qui ne le serait pas d’ailleurs? Les deux artistes sur scène incarnent une pléthore de personnages avec une aisance surprenante et pleine d’imagination. Un changement de voix, d’attitude et hop l’illusion est donnée. Pas besoin non plus de costumes ou de décors d’époque pour faire vivre ce petit pavé. Un siège un peu particulier, une guitare électrique, un piano, un micro et d’autres objets suffisent à nous emporter. Mais surtout ils arrivent avec un talent incroyable à donner vie à l’essence d’un roman. Les sourires s’affichent sur l’ensemble des spectateurs transporter dans l’ailleurs propre au théâtre. On rit de bon coeur jusqu’à des fous rires éparses et sincères. Qui aurait pu croire que l’on pouvait proposer quelque chose d’aussi brillant et drôle de Flaubert? Pas beaucoup et ce spectacle prouve que la créativité humaine permet de raconter des histoires de façon incroyable et fascinante. Aucun doute qu’en sortant l’envie de lire ou de relire « L’éducation sentimentale » se fera sentir. Etait-ce vraiment si passionnant quand on a lu à 14 ans? Indéniablement non. Maintenant, les choses seront différentes.

Une pièce de théâtre d’une grande richesse, adresse, habileté et intelligence avec des artistes talentueux, passionnant et passionné.

Où voir le spectacle? 
Au Théâtre de Poche à partir du 29 août 2023

Pascal Gely / Hans Lucas
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