Vieillir est une chose bien inévitable. Alors quand deux septuagénaires se rencontrent, elles ont beaucoup de choses à partager. C’est d’autant plus vrai quand on considère qu’elles représentent les derniers dinosaures d’une nation.

Marylin Pape met simplement le spectateur face à deux femmes. Elle propose un plateau nu, sans aucun décor. Juste un podium, deux chaises. Il n’en faut guère plus. Pour la mise en ambiance, quelques nuances de lumière assez discrètes, un peu de musique et le bruit récurrent d’un drone. Pour rajouter un peu d’épaisseur aux échanges, on découvre un tiroir sous les chaises avec quelques éléments comme un objet pour fabriquer sa cigarette. A l’arrière des sièges quelques fils apparents pour faire tomber des plumes ou descendre un costume. Le tout mis sur une structure en bois noir exiguë.

Le plus important repose sur deux comédiennes : Eulalie Delpierre et Marilyn Pape, assisent côte à côte. Elles apprennent à se connaître, s’apprivoisent, se chamaillent, se disputent dans un duel sans pitié. Il faut dire qu’il faut bien passer le temps. Personne ne vient les voir. Elles sont là pour montrer leur corps qui pend, leurs rides… Bref, les ravages du temps qui passent et sans aucune retouche. Dans la société, on n’a plus le droit de manger du gluten, du sucre ou fumer des clopes. On ne trouve pas de détritus, de champignons ou de moucherons. Ces mamies font tâches dans le décor. Elles font penser à des pièces de musée. Le fait de porter des sous-vêtements couleur chair, rajoute une couche par rapport à leur âge avancé.

On se laisse prendre par leurs échanges piquants, leurs regards espiègles, leurs taquineries… Elles donnent une nouvelle vision de la jeunesse dans la vieillesse. Se remémorer leurs souvenirs où elles évoquent les abeilles, le miel jusqu’à la nostalgie des blattes. On rigole simplement car qui ne doit pas faire face à la décrépitude de son corps? Les artistes insufflent de l’espoir dans leur dernière acte de rébellion. On est charmée par le duo joyeux et contestataire qui nous fait échapper au temps qui avance… dans le théâtre. Une parenthèse qui incite à réfléchir au rapport à notre corporalité et à nos anniversaires qui se suivent. Efficace, relevé et drôle, que vouloir de plus?

Un court spectacle qui met en valeur les mots de Pierre Notte et l’humain face à sa finitude.

Où voir le spectacle? 
A la Manufacture des Abbesses jusqu’au 14 octobre 2023

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