La force des liens de famille permet à certains de vivre leur rêve et suivre leur destinée. C’est le cas des frères Van Gogh. L’amour de l’art a dépassé la raison.

Ghislain Geiger et Julien Séchaud ont fait un pari très audacieux en donnant vie à des lettres au théâtre. En effet, ce n’est pas la première fois qu’un échange épistolaire se découvre sur un plateau. Mais ce n’est une lecture. C’est une volonté d’incarnation de Théo et Vincent Van Gogh si loin physiquement et si proche par le coeur. Le risque est de devoir faire face à l’imaginaire des spectateurs. Ils n’ont pas choisi un artiste anonyme d’un pays dont on ignore le nom. Même si tout le monde ne connaît pas les courriers entre frères, les oeuvres de Vincent ont traversé le temps et les mémoires. Personne n’est totalement vierge de représentation. Certains auront déjà en tête un ciel étoilé, des mangeurs de pomme de terre et d’autres l’image de deux tombes recouvertes de lierres ou une église habitée par un monstre (Docteur Who). Donc attention, risque de confrontation d’idées.

Est-il possible d’arriver totalement vierge dans un théâtre lorsqu’on vient voir une pièce? Absolument pas. Ghislain Geiger et Julien Séchaud ne s’interdisent rien. Tout deux deviennent deux frangins que tout oppose à part leur passion pour la peinture. Chacun campé dans un espace de la scène, ils font raisonner avec fougue, passion et conviction les mots d’amour et de doute. Si besoin, ils n’hésitent pas à hurler, crier, s’emporter pour mieux souligner les turpitudes qui les habitent.  On est à leur côté, à les écouter patiemment. Notre imaginaire se remet en marche pour y joindre les toiles évoquées ainsi que les couleurs éblouissantes que le temps a terni. Pas besoin de nous les montrer pour les voir. Nous n’assistons pas à une conférence d’Histoire de l’art. Les artistes tentent de la rendre vivante. On assiste à cette volonté de faire connaître des oeuvres rejetées du public à leur époque et devenus iconiques à notre époque.

Pour nous transporter pas besoin d’avoir besoin de beaucoup de décors. Quelques chaises, un chevalet, quelques draps suffisent amplement. On aurait pu s’attendre à voir des espaces d’écriture, des plumes, de l’encre… Pourquoi aller à la facilité? Le but est de donner une autre dimension aux mots comme une discussion durant toute une vie. Les artistes se considèrent et surtout cherchent notre regard, tel celui d’un confident. Toutefois, quelques petits détails peuvent surprendre pour la cohérence historique. Certes, c’est du chipotage. Les pantalons avec des fermetures éclairs ainsi que les chemisiers avec des poches à l’avant n’existaient pas à l’époque du récit. Au final, le temps s’est enfui si vite que c’est presque à regret que nous devons partir. La salle au complet applaudit de bon coeur, ravie de cette incartade culturelle, qui fait temps de bien au moral. Et surtout, cela donne envie de lire ou relire l’ouvrage recueillant les lettre sans omettre un passage au musée d’Orsay.

Un duo attachant au service de l’art qui donne à voir la peinture autrement, par le regard de l’homme.

Où voir le spectacle? 
Le Guichet Montparnasse jusqu’au 16 septembre 2022, les vendredis à 19h00

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