Que diriez-vous de vous laissez surprendre? Rien de telle qu’une conférence assez atypique pour vous changer les idées, vous surprendre et vous faire rire.  Pour une fois, saisissez-vous de la « Perspective de fuite ».

Bienvenu dans une gentille et singulière conférence. « Quelque chose de léger… Sur un sujet consensuel… Mais qui soit aussi une critique sociale… Avec de l’engagement politique mais pas trop… Qui critique le consumérisme effréné et l’ultra libéralisme… Bref je voulais faire un objet culturel. Je voulais faire une conférence sur une basket Nike… mais très vite il m’est apparu impossible de combler la distance que je découvrais entre le langage dont je disposais et la réalité de… du… du… du réel. »

Pendant une heure vous allez faire cogiter vos neurones et vos zygomatiques sur le chemin d’une réflexion sociétale. Attention, ne vous attendez pas à quelque chose sous forme d’un TedEx. Laurent Papot a décidé d’utiliser une autre forme. N’oublions pas que nous venons voir un spectacle vivant. En arrivant dans la salle, on n’en doute pas vraiment. L’artiste a volontairement inversé les rôles. C’est le public qui est mis en lumière et non lui-même. D’ailleurs, lui porte une lampe frontale qu’il va rapidement quitter. Même quand la représentation débute, la lumière reste sur ceux qui se sont installés. Se sont eux qui deviennent valorisés. L’artiste lui poursuit son partage de ces pensées, de ces impressions, de ces ressentis… Un doute flotte dans l’air : où veut-il nous emmener? Est-il perdu?

Puis il monte sur un bloc recouvert d’un tissus noir : sa scène. Dessus, on voit une structure rectangulaire en bois à l’apparence assez simple. Une façon subtile de tromper le regardant. Ce faux aspect de désorganisation se complète avec des feuilles laissées au sol. Un vrai leurre. Pourtant sa démarche se montre sans trucage puisqu’il incarne aussi l’ingénieur son et lumière. Il éteint la salle devant tout le monde, met de la musique et va chercher un élément du décors. L’ingéniosité apparaît avec l’arrivée d’un autre lui sur un écran. Même homme, même lieu, même chaise, même espace. Une mise en abîme très bien menée. Le jeu avec les interaction est parfaitement réalisé et maîtrisé car on vient presque a oublié que les doubles sont illusions. Les choses vont encore plus loin avec un troisième soi. L’habileté est poussée à son apogée avec des échanges à trois et une excellente gestion de l’espace. Il ira jusqu’à jouer ensemble avec le dernier qui verse un verre aux deux autres. On voit les uns aller dans l’espace des autres.

De quoi ça parle alors? On pourrait dire des observations, des contemplations sur la politique, la science, les médias… Des mots vont revenir comme désillusion, désenchanté, désœuvrement, démolir… Une orientation qui semble bien sombre. On a tous déjà entendu des conversations allant entre démotivation et fatalisme. Et pourtant qui a dit que l’on ne pouvait pas rire même du côté sombre. Pourquoi ne pas inventer « le permis de déprime »? On proposera par la suite des stages de récupération de point de moral. Vous l’avez compris l’humour et la dérision restent de mise tout au long du spectacle. La preuve s’entend car les rires raisonnent aux côtés des commentaires enthousiastes chuchotés. Impossible de rester impassible face à cette création audacieuse et pleine de fantaisie.

Un spectacle brillant qui interroge autant qu’il subjugue. Une certitude, lorsque vous rentrerez chez vous, vous ne serez pas le même individu qu’avant.

 

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