L’amour a toujours inspiré les auteurs, qu’importe les époques. Même Edmond Rostand a signé une histoire passionnée qui fait encore chavirer les coeurs de nos jours. D’ailleurs, la compagnie, le grenier de Babouchka va donner vie à l’histoire incroyable de Cyrano de Bergerac. Allons à la rencontre de cet amoureux de Roxanne, des mots et du combat.

«Cyrano de Bergerac» fait partie des pièces les plus populaires du répertoire du théâtre français. Tous les ans, une compagnie s’empare du texte pour en proposer une appropriation pleine d’énergie et de passion. Son auteur, Edmond Rostand (1868 – 1918), c’est très librement inspiré de l’œuvre de l’écrivain libertin, Savinien de Cyrano de Bergerac (1619 – 1655). Le personnage a été écrit pour Coquelin, un comédien qui se plaignait n’avoir jamais assez de répliques à dire ni d’être très présent sur scène.

Edmond Rostand va casser les codes de l’époque. Il va imposer un personnage principal présent à toutes les scènes et ce pendant plus de 2h00. Un rôle qui fait rêver plus d’un comédien car là, il doit montrer certes sa capacité de mémorisation mais aussi sa capacité de jeux. Jamais notre Cyrano n’arrête de courir. Et surtout il faut servir avec justesse ces tirades si connues et si attendues du public. D’autant plus, que les spectateurs s’attachent à cet homme bon camarade, noble de cœur, courageux, bon vivant, insolent, fidèle, drôle, brave… Et il nous touche dans son désespoir d’amour déçu. 

Cet homme est amoureux de sa cousine, Roxanne. Mais elle, elle n’a d’yeux que pour Christian, qui est beau. L’un est laid et éloquent et l’autre est beau et stupide. Cyrano va mettre au service de l’amour innocent ces mots sincères pleins d’adoration dont Christian récoltera les lauriers. Même sur le champs de bataille, il franchira les lignes ennemis pour envoyer une lettre à son aimée. A la mort de Christian, Roxanne va entrer au couvant pour pleurer son époux décédé. Cyrano viendra lui rendre souvent visite jusqu’à son dernier jour où il dévoilera son secret. Roxanne va pouvoir pleurer à nouveau son autre aimé. 

Ce drame romantique en 5 actes et en vers, mélange les ingrédients des bonnes histoires de cape et d’épée et d’amour. L’envie d’être aimé pour soi, le respect des autres, la fraternité sont des messages universels qui rendent ce spectacle éternel. Depuis sa création en 1897, jamais les mots de Cyrano n’ont cessé de raisonner. La tirade du nez et « à la fin de l’envoi je touche », la scène sous le balcon… ont encore de beaux jours devant eux. Jean-Philippe Daguerre l’a adapté dans un décor assez sommaire. Quelques chaises, un banc, une table, un pot… rien de plus pour suivre Cyrano dans ces combats. Tout se focalise sur ces comédiens qui changent de costumes et d’accents. N’oublions que se sont les Gascons de Gascogne. Mais tout tient grâce à Stéphane Dauch qui incarne Cyrano avec un masque noir pour le nez sur son visage grimé. Sa fougue est à l’égal de sa verve, toujours audacieuse et énergique. On ne se lasse jamais de le suivre dans ces aventures. Mais difficile de ne pas avoir en mémoire l’adaptation à la Comédie Française avec l’exceptionnel Michel Vuillermoz ou la mise en scène moderne et original de Lazare Herson-Macarel (prochainement à La Tempête). 

Le metteur en scène, après quelques découpes dans le texte, joue avec le format rectangulaire de la salle. Des comédiens sont présents dans les balcons aux abords de la scène : ils deviennent spectateurs de ce qui se passe sur scène et ils y participent. Dans la tirade du nez, on lui suggère des thématiques. Pour la scène du balcon, Roxanne monte au premier étage et se met à attendre la déclaration d’amour de Christian. Une façon ingénieuse d’utiliser le lieu. Edmond Rostand n’avait pas prévu de partition musicale à son spectacle. Mais pourquoi devoir s’interdire d’en créer une? Un violoniste, lui aussi avec un accessoire nez, accompagne Cyrano. Une performance artistique qui se complète à merveille avec le reste. Les 2h00 de spectacle défilent assez vite car on se laisse porter par l’écriture brillante d’Edmond Rostand. 

Les Rita Mitsouko vous l’avaient dit : « Les histoire d’amour finissent mal en général ». Mais impossible de ne pas se laisser séduire par Cyrano et le travail de la compagnie du Grenier de Babouchka. 

Site de la compagnie Le Grenier de Babouchka

Théâtre du Ranelagh
5, rue des Vignes
75016 Paris

Jusqu’au 13 janvier 2019

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