La lutte ouvrière a-t-elle encore un sens de nos jours ? Peu de personnes vous répondront que oui. Pourtant les anciens salariés de Fralib (Française d’Alimentation et de Boissons) se sont battus pendant 1336 jours contre Unilever et ils ont gagné. Philippe Durand va vous raconter leur combat.

Le 28 septembre 2010, Unilever le géant américain, propriétaire de l’usine de thé Eléphant et Lipton, décide de fermer l’usine Fralib située à Gémenos en Provence. L’objectif est de délocaliser en Pologne et de licencier 182 salariés. Deux jours plus tard, les Fralib débutent leur combat. Philippe Durand est intrigué par leur combat et veut raconter leur récit. Il va aller sur place à la suite des 1336 jours de lutte et recueillir des paroles de ceux qui résistent.

« ben t’y vas à cent personnes avec cent caddies tu prends tous les produits Unilever tu les mets tous dans un chariot t’abandonnes le chariot en plein milieu du magasin tu retournes dehors prendre un chariot tu re-rentres avec le chariot tu continues donc dans la journée tu as trois cents quat’cents chariots remplis de matériel Unilever abandonnés dans le magasin tu empêches les clients de pouvoir se servir, parce qu’un client va pas fouiller dans un caddie au milieu du magasin pour prendre son thé sa lessive son huile parce que je sais pas si tu as VU le panel des marques d’Unilever c’est impressionnant »

Pendant 1h30, il va interpréter ces personnes qui ont partagé des moments d’abattement et de joie. Le combat ne reste pas une affaire de quelques employés qui veulent garder leur poste mais c’est un élan national de solidarité qui se met en place. Les médias s’en mêlent. Les représentants du mouvement se déplacent partout en France et à l’étranger pour expliquer leurs motivations. Même quand le tribunal leur donne raison, l’argent permet au géant d’Unilever de continuer à franchir la ligne de la loi. Il a fallu que l’Etat mette son nez dans l’affaire pour qu’enfin on en voie le bout. C’est ainsi qu’enfin, en mai 2014, la coopérative de production Scop-TI voit le jour avec son thé qui se nomme logiquement : 1336.

C’est dans une mise en scène simple et au combien efficace que Philippe Durand nous plonge dans l’histoire d’un combat pour l’emploi. Il est assis, face à son texte et au public, sur une table toute simple. A côté de lui, la gamme des produits que propose la scop. Il endosse la voix des salariés qui se sont confiés à lui sans jamais en faire trop et en respectant leur façon de parler. Une histoire prend vie dans notre imaginaire. On s’imagine voir les personnes qui prennent vie. On imagine les situations dans le tribunal, dans l’usine… On se met à vivre ces scènes où les émotions sont intenses. Le temps s’envole à grande vitesse. Tout le monde écoute captif et plein d’espoir de se dire que certaines luttes permettent vraiment la construction de quelques choses. Que certes les grandes entreprises ont beaucoup de moyens mais parfois face à une volonté de fer, il faut se plier. Une image de marque cela se préserve aussi. Même maintenant, le groupe essaie de nuire à ce petit qui a été un sacré caillou dans leurs chaussures. Comment ne pas être touché par ces témoignages si fort et criant de vérité. Ici, il n’y a pas de fiction tout est véridique. Comme quoi on se battre pour le bien de tous et avec pugnacité et courage.

 « à un moment y faut se dire qu’est-ce qui est moral ? qu’est-ce qui n’est pas moral ? qu’est-ce qui est légal ? qu’est-ce qui n’est pas légal ?tenir une usine c’est illégal mais garder vouloir garder son emploi ben c’est quelque chose de moral et donc on s’est lancés dans le combat »

Pour une soirée, quittez votre confortable canapé et aller au théâtre de Belleville prendre une leçon de vie et d’espoir.

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