Lettre de non-motivation - Théâtre de la Bastille

Chercher un emploi n’est pas une tâche facile. Julien Prévieux a décidé de répondre à des annonces et d’y répondre de façon constructive et humoristique dans le but de refuser des offres d’emplois. Vincent Thomasset reprend ces lettres avec les quelques réponses sous le nom de « Lettres de non-motivation« . Direction le théâtre de la Bastille, où il fait bon de rire de ne pas trouver d’emploi.

C’est dans une mise en scène très dépouillée que Vincent Thomasset décide de nous faire partager une démarche artistique. Julien Prévieux, lauréat du prix Marcel Duchamp 2014, a décidé de répondre à des offres d’emploi, entre 2000 et 2007, sur un ton humoristique. Il va tourner en dérision certains emplois, certaines photos d’illustration ou l’anonymat des entreprise pour faire un pied de nez aux débats sur le chômage. Mais comment retranscrire alors cela en spectacle?

Voilà qu’intervient Vincent Thomasset avec 5 comédiens : David Arribe, Johann Cuny, Michèle Gurtner, François Lewyllie et Anne Steffens. Comment faire pour trouver ces perles rares? Il suffit de passer une annonce. Normal vu la thématique du spectacle. Alors hop direction les réseaux sociaux, le Pole Emploi ou encore du Jeune Théâtre National avec une notion particulière dans l’offre « réfractaire au plateau ». Ainsi cela a favorisé la rencontre de personnes avec des profils différents et cela se ressent sur scène. Un mélange explosif de talent qui m’a totalement séduite.

J’ai été touché par la prestation de François Lewyllie qui était le moins présent sur scène et pourquoi qui m’a le plus touché. Timide et hésitant, il incarnait à merveille les lettres avec son regard lointain et le fait de jouer avec sa fermeture éclair. Les autres comédiens plus présents jouaient tous merveilleusement bien. Ils avaient en plus une très jolie voie valoriser par le micro présent côté cour. Certains m’ont bien fait rire comme dans la lettre écrit en codage pour un emploi d’informaticien où les comédiens s’approprient le damier pour jouer au robot. Des petits détails très réfléchis et précis. Vincent Thomasset aidé de Brune Bleicher n’ont rien laissé au hasard. En plus, il y a un vrai travail sur la lumière réalisé par Annie Leridan et le son, fait par Pierre Boscheron.

Comment mettre en image et en son des textes qui ont pour objectif d’être lu? Alors déjà, une mise en scène épurée avec juste le nécessaire. Un écran au milieu, en fond, de la scène sur lequel est projeté les offres d’emploi, les non-candidatures et les réponses. A droite de la scène, un micro que les comédiens utilisent pour certaines lectures d’annonce ou de réponse. La voix est très douce et sublimée. A gauche, une planche en bois sur le sol avec au plafond un luminaire. Et au milieu un damier, qui se transforme en espace de jeux vidéo humain et en scène de danse. Surprenant et très imaginatif tout est dynamique.

J’ai rie pendant toute la représentation ce qui n’était pas gagné vu le sujet. Mais il faut se laisser surprendre et s’émerveiller devant la créativité humaine. Envie de découvrir des lettres de non-motivation? Vous savez où aller alors.

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