Le dramaturge Federico Garcia Lorca a écrit « La maison Bernarda Alba » deux mois avant son exécution par les franquistes. C’est dans cet esprit qu’il faut voir le destin tragique de ces femmes en Espagne dans les années 30. Direction la Comédie Française pour découvrir cette tragédie familiale.
Le mari de Bernarda Alba vient de décéder. Elle devient la maîtresse de maison avec ces terres, ces bêtes et ces cinq filles. Selon la tradition andalouse, elle doit tenir une période de deuil. Elle choisit de le porter de façon stricte et décide de se cloîtrer pendant huit ans avec ces cinq filles. Bien entendu, cela les soeurs, elles rêvent d’amour et de liberté.
Seule Angustias, issue d’un premier lit, la plus « moche » mais la plus fortunée, possède un prétendant, Pépé. Tout pourrait bien se passer si ce dernier, le soir ne répondait pas à l’amour de la dernière, Adelia. Lorsque ces moments vont être dénoncé à tous, la famille alors va basculer dans le chaos et le désespoir.
La sublime mise en scène de Lilo Baur nous fait sentir cette tension dans la famille aussi bien dans le déroulé de l’histoire que dans les décors. Les soeurs sont complémentaires et partagent l’espoir de partir en se mariant. Excepté Magdalena qui décide de son destin : elle ne se mariera jamais. Mais la pression dans l’enfermement et dans la culture des apparences, de la réputation est forte et étouffante. Au bout d’un moment, des murs vont s’effondrer. Les grands draps blancs ne vont pas servir uniquement à préparer un trousseau. On voit les soeurs s’exercer sur les grands tissus, couper, coudre, imaginer des vêtements…Elles portent toutes du noir ou presque.
Les décors d’Andrew D. Edwards sont vraiment magnifiques. Les immenses moucharabieh noirs, qui laissent passer la lumière tout en créant une frontière vers l’extérieur. Parfois, il laisse place à des murs de pierres qui changent de texture selon la lumière projetée. Les espaces sont remarquablement bien définis et utilisés. J’ai adoré deux scènes en particuliers. Il y a la scène où Adelia retrouve en cachette Pépé et s’enlacent sous la pluie. J’étais émerveillé par la beauté de ce moment bien trop court. Puis aussi la scène ou Adelia tout de verte vêtue danse sous des nuages de plumes. Des moments de douceur très appréciable dans ce huit-clos très dur, sans espoir et sans bonheur.
Un spectacle étonnant avec une esthétique vraiment travaillée et magnifique. L’espoir n’a pas sa place dans un monde de femme dirigée par les dictats masculins. La Comédie Française affirme son éclectisme pour emmener le spectacle au delà de ces espérances.
Lien vers le théâtre
Lire l’avis de CultureBox, Fou de théâtre, Froggy Delight, l’étoffe des songes
Je ne me rappelle plus de cette pièce que j’ai pourtaant lu. La mise en scène a l’air magnifique ! Je comprends ton enthousiasme…
la mise en scène était magnifique comme le jeux des comédiens. Je n’ai jamais été déçue à la comédie française 🙂